Cela ne vous aura sans doute pas échappé, à l’aube de cette nouvelle année 2014, Yves Saint Laurent est de toutes les conversations. Après la sortie du film « Yves Saint Laurent » par Jalil Lespert dans lequel Pierre Ninet incarne le célèbre couturier français, c’est au tour de Bertrand Bonello de s’attaquer au mythe avec « Saint Laurent » et Gaspard Ulliel en vedette de son film. L’occasion pour la rédaction mode de vous en apprendre un peu plus sur ce personnage haut en couleur, connu et reconnu dans le milieu de la mode pour avoir fait partie des « grands ».
« Un parcours conventionnel, mais non moins génial et abasourdissant de rapidité »
Yves Saint Laurent est né en 1936 en Algérie française, où il a passé toute son enfance. C’est à 18 ans qu’il décide de quitter sa terre natale pour se rendre à Paris et commencer sa carrière dans le milieu de la Haute Couture. Il décide dans un premier temps de suivre des cours de dessin à la chambre syndicale de la Haute Couture, avant d’être repéré dans les années 50 par Christian Dior lui-même et d’intégrer la célèbre maison de Couture en tant qu’assistant modéliste. Saint Laurent suit donc un parcours conventionnel mais non moins génial et abasourdissant de rapidité : deux ans après son entrée dans la maison Dior, il succède à Christian Dior lui-même, prenant la tête de l’empire de la Haute Couture française à l’âge de tout juste 21 ans.
« YSL et Pierre Bergé […] un couple aussi indissociable qu’efficace »
Cette fulgurante ascension constitue un virage primordial dans sa carrière et dans sa vie privée. Il rencontre, peu de temps après sa nomination, Pierre Bergé, un homme d’affaire redoutable qui l’aidera à diriger la maison Dior et qui partagera également sa vie pendant de longues années. Le couple est aussi indissociable qu’efficace, si bien qu’en 1961 et avec l’aide d’un riche mécène américain, ils montent ensemble la maison de couture Yves Saint Laurent. Le succès escompté est au rendez-vous, le jeune prodige de la mode est très vite acclamé et reconnu dans le monde très fermé de la mode.
« L’homme aime flirter avec la provocation… »
Mais loin de s’arrêter à cette position confortable, Yves Saint Laurent se lance comme défi de réinventer le dressing de la femme moderne. Pour cela, il surfe sur la tendance de la fin des années 60 à l’androgyne et crée quelques pièces qui deviennent des empreintes de sa maison, à l’image du smoking (1966), de la saharienne, du tailleur-pantalon (1967) ou encore de la combinaison (1968). L’homme aime flirter avec la provocation, comme pour la publicité du parfum « l’Homme » pour laquelle il pose nu, un des clichés les plus célèbres du couturier. Le couturier innove aussi en créant de nombreux costumes pour le théâtre et le cinéma, confirmant sa reconnaissance aussi bien à l’échelle nationale qu’à l’étranger. Cette renommée se confirme notamment en 1983, puisque le Metropolitan Museum of Art de New York consacre une rétrospective d’Yves Saint Laurent. La chose peut sembler banale, mais c’est la première fois à l’époque qu’un créateur de mode vivant est exposé dans le musée. Acclamé par la critique comme par le public, le créateur de Haute Couture reçoit -entre autre- l’insigne de chevalier de la légion d’honneur par le président de la République François Mitterrand en 1985.
Si Yves Saint Laurent a connu une carrière fulgurante et couronnée de succès, il était également connu pour se donner corps et âme à son métier, au point de se torturer d’angoisse et de se tuer littéralement au travail. Il s’est retiré du milieu de la mode en 2002 à 66 ans et s’est éteint d’un cancer à 71 ans. Cette part sombre de son être s’est traduite par une forte dépendance au whisky et à la cocaïne. Un génie décrit comme « hypersensible » et « hyper-angoissé ». Une âme torturée capable de pures merveilles. Quoi de mieux pour finir cette rétrospective qu’une citation d’Yves Saint Laurent lui-même qui résume à elle seule l’essence de son travail et de la mode ? : « Rien n’est plus beau qu’un corps nu. Le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme, ce sont les bras de l’homme qu’elle aime. Mais pour celles qui n’ont pas eu la chance de trouver ce bonheur, je suis là »