STYLE

Rencontre avec la blogueuse Typhaine Augusto

Prenez des cookies, de l’absinthe, mélangez le tout avec une petite cuillère et faites mijoter pendant quelques 5 années. Récoltez ensuite les fruits de la réussite. La recette a l’air simple mais c’était sans y ajouter une bonne dose de talent et  d’originalité. Le bon goût à la sauce vintage, tel est le credo de la blogueuse Typhaine Augusto.

Maze : Qui es-tu ? À part un petit biscuit imbibé de l’alcool des poètes perdu en l’an 2000 ?

Typhaine Augusto : J’ai 22 ans et j’habite à Paris depuis deux ans maintenant. Je suis un bébé parisien mais j’ai vécu la majeure partie de ma vie perdue dans le néant de la campagne du Gard où j’ai développé une attirance particulière pour le monde de l’image (ination) sous toutes ses formes pour occuper mon ennui. J’ai fait des études de photographie à Montpellier avant de venir vivre dans la capitale.

Maze : Vis-tu de ton blog et des activités parallèles sur lesquelles il a débouché ?

T. A. : À 60 %, oui. Ça fait seulement un an que c’est le cas et je préfère que le pourcentage reste comme tel, par sécurité et par envie de ne pas être enfermée là-dedans, d’avoir assez de liberté pour envisager autre chose à l’avenir sans risquer la bankrout.

Maze : As-tu l’impression d’être née du web, de t’être réalisée grâce à internet ?

T. A. : Absolument. Sans internet, je ne sais pas qui je serais devenue. Le web a vraiment été ma porte sur le monde, une échappatoire à l’inactivité du bled dans lequel je vivais. Il n’y avait RIEN à faire, c’était l’enfer. Internet, mes différents blogs, le contact avec les gens etc, m’ont fait prendre conscience qu’il y avait plein de choses qui se passaient ailleurs et que j’avais juste à être patiente, qu’un jour moi aussi je pourrais “vivre”. Ça fait très dramatique mais j’étouffais vraiment là où je vivais. Je n’avais qu’une envie, c’était partir réaliser tout ce que j’avais en tête, que mes rêves deviennent réalité. Ça tenait parfois à très peu de choses. Pouvoir sortir faire la fête sur de la bonne musique en club, c’est particulièrement banal pour n’importe quelle adolescente urbaine mais c’était inatteignable pour moi à l’époque (maintenant mon copain est dj, ça aurait beaucoup fait rire la Typhaine de 16 ans ça haha). Après, sans internet, j’aurais sûrement procédé différemment pour survivre, faire mon bout de chemin mais je pense que j’aurais plus facilement perdu la foi en cours de route.

Maze : Quelles ont été les réactions des personnes qui t’entourent quand elles se sont rendu compte de la place que prenait ton blog dans ta vie et que tu allais y consacrer une énergie quasi-professionnelle ?

T. A. : Mes parents ne se sont au départ pas du tout intéressés à ce que je traficotais. J’en parlais très peu parce qu’ils ne comprenaient pas grand chose à internet. Ils ont réalisé la chose qu’une fois que je suis passée dans leur media, c’est-à-dire la télévision. Quand le reportage M6 sur mon blog a été diffusé, tout d’un coup ils ont pris conscience que tout ce temps passé devant internet ( à l’époque, je n’avais pas le droit de rester plus d’une heure en ligne par jour…) n’était pas si néfaste que ça en avait l’air. Mes grands-parents passent encore leur temps aujourd’hui à me dire que je devrais arrêter de mettre des photos de moi sur internet, que c’est dangereux…

Le blog, ça a toujours été mon projet, mon truc à moi, où absolument personne ne pouvait vraiment me dire quoi faire, ce qui serait mieux, ceci, cela… J’avais une totale maîtrise de mon univers et c’était rafraîchissant. Le fait que je décide d’y consacrer une partie de ma vie, c’est autre chose. Aujourd’hui, mes parents adorent cracher sur ce que je fais. Si c’est par peur ou incompréhension, je ne sais pas mais ça marche très bien pour moi, je ne me soucie plus de leur avis. Alors certes, ce n’est pas toujours facile de faire comprendre aux personnes autour de toi, aux métiers “classiques”, que c’est possible de vivre de ça, de ces métiers créatifs et freelance qui paraissent peut-être moins sûrs mais qui ont le pouvoir de rester excitants chaque jour. Parce qu’on ne sait justement jamais trop jusqu’où on peut aller, tout est possible !

Maze : Justement, dans ton blog, on en apprend pas mal sur ta vie, tu évoques ton entourage, tes amis, tes voyages, tes sorties. C’est plus un blog ou un journal ? Qu’est-ce que ça fait de se livrer à un public d’inconnues ? Tu t’imposes forcément des limites… Quelles sont justement les limites de « l’extime » pour toi ?

T. A. : Au début, je le faisais bien plus qu’aujourd’hui. J’étais très jeune, innocente, insouciante et au fond, un quotidien de lycéenne n’a rien de très intime. J’avais un besoin de partage immense. Avec le temps, j’ai commencé à ralentir la cadence, à ne plus rentrer dans les détails, dans ce que je pense de telle ou telle chose parce que j’avais l’impression de me faire bouffer par la curiosité de mes lectrices. J’ai fermé mon Formspring, arrêter de trop décrire ce que je vivais, tout ce que je faisais à l’extérieur de mon blog devait rester secret. Ce n’est pas tellement le fait de parler de certaines choses à des inconnues qui est angoissant, c’est le fait que des “inconnus” ou plutôt des connaissances lointaines jettent un œil un peu malsain à ce que tu écris alors qu’ils font partie de ton réseau, entourage etc… Aujourd’hui, j’essaye de trouver un juste équilibre entre les deux. Ce n’est pas toujours facile, parfois j’ai envie d’écrire sur des sujets autres que “ma tenue du jour” mais j’ai toujours peur de ne pas pouvoir m’exprimer correctement, de rester en surface et d’être mal comprise ou que ça n’ait pas sa place ici.

Maze : Est-ce pesant parfois de devoir tenir en haleine des lectrices qui attendent de nouvelles publications, à qui tu dois, quotidiennement, rendre des comptes stylistiques ?

T. A. : L’année dernière, j’ai eu une phase. Beaucoup de choses ont changé depuis la rentrée, je suis passée d’un train-train personnel qui ne me convenait pas du tout à quelque chose de bien mieux. À cette période là, mon style, c’était n’importe quoi. C’est la première fois que je recevais beaucoup de plaintes dans les commentaires. Je ne savais plus du tout ce que je voulais en terme de style, qui j’étais, vers quoi je tendais. C’était un gros foutoir et à ce moment là, oui, c’était stressant. Comme je ne voulais pas rentrer dans des détails intimes, je ne pouvais pas expliquer ce que je traversais et mon manque d’inspiration était flagrant, je ne postais pas plus de deux posts par mois et je passais le plus clair de mon temps en sweat/baskets. Maintenant, je sais ce que je veux et je pense avoir enfin trouvé une transition qui me plait entre mon style d’adolescente “bohème du Sud” et le style “adulte parisienne” que j’expérimente en ce moment. Je n’ai jamais autant posté que maintenant ! Un article tous les deux jours, c’est une grande première pour moi !

Et si on parlait de ce qui t’inspire…

Maze : Barcelone, Berlin, Londres… Quels impacts ont tes voyages sur tes looks ?

T. A. : Bizarrement, aucune de ces villes ne m’a vraiment inspirée. Je dirais plutôt que Copenhague et Stockholm ont eu ce rôle dans ma vie. Surtout aujourd’hui. La mode scandinave me rend folle, c’est le futur ! À tel point que parfois j’envisage de partir vivre là-bas. Un jour, un jour…

Maze : Et la musique ? Ça t’inspire ?

T. A. : En mode, non, pas que je puisse dire. Dans la vie de tous les jours, ooooh oui, c’est mon carburant, je me nourris à ça, tout ce qui m’entoure est musique. Quand j’ai un coup de mou, un bon quart d’heure à chanter sur mes musiques préférées et ça repart !

Maze : Alors Vanity Fair ? Tu en penses quoi ?

T. A. : C’est au top ! J’aime ce magazine car dans un sens, il a l’art de me faire lire jusqu’au bout des sujets de quatre pages sur des thèmes dont parfois je me fiche royalement. On reconnait la qualité d’une rédaction là-dedans, non ?

Absolument ;)

Maze : D’après toi, y a-t-il des limites dans la mode ? Des interdits ? Des faux-pas impardonnables ? Ou tant que c’est assumé, tout peut-il avoir un intérêt ?

T. A. : Contrairement à beaucoup de blogueuses, personne dans ma famille n’a de culture mode/beauté. Ce n’est ni ma mère, ni ma grand-mère, ni ma tante ou qui sais-je encore qui m’a fait tomber dans ce monde. Du coup, je n’ai aucune culture apprise de mes pairs, aucune règle ne m’a été imposée, j’ai appris sur le tas et par conséquent, je considère que tout est praticable. Il y a des tas de choses que je fais qui doivent paraître impardonnables pour la plupart des filles. Par exemple, je sors souvent avec les cheveux encore mouillés de ma douche parce que j’adore leur rendu quand ils sèchent naturellement. Qu’on me crucifie sur place ! Je ne recule devant rien, tant qu’il y a de la matière, tout est faisable. Après, bien sûr, il y a plein de choses que je trouve atroces mais mon copain, qui à l’inverse est très catégorique sur les règles dites, trouve toujours ma capacité à trouver du bon dans n’importe quelle horreur surprenante.

Maze : Est-ce que certaines marques te donnent des vêtements ou te payent pour en porter ?

T. A. : Oui, c’est le job !

Maze : En parlant d’objectif… Tu préfères être derrière ou devant ?

T. A. : Derrière, évidemment. Même si en ce moment, ce que je préfère le plus c’est être à côté ;)

Maze : Où te vois-tu dans quinze ans ?

T. A. : Certainement pas en France, j’espère que j’aurai fait mon temps à Paris et que je serai partie ailleurs. Je me lasse très rapidement d’une routine, j’ai toujours besoin de changement, que ça tourne, évolue alors j’espère pour moi que j’habiterai un autre pays, que j’aurai fermé mon blog et que je travaillerai dans autre chose reliée à la mode/photo mais que j’aurai le même copain ! 😀

Maze : Dernière petite question… Où est passé le petit éléphant qui chatouillait de ses défenses le titre énigmatique de ton blog ?

T. A. : Je crois que je l’ai perdu pendant mon déménagement, je n’arrive pas à remettre la main dessus !

Un grand merci à Typhaine d’avoir consacré un peu de son temps à Maze.

Retrouvez-la sur http://www.c00kies-est-une-cuillere-a-absinthe.blogspot.fr

Je suis boulimique et toxico... de l'info, passionnée et fascinée par les médias.

You may also like

More in STYLE