CINÉMA

Les garçons et Guillaume, à table !

Ce film a défrayé la chronique et animé les magazines (notamment féminins) et l’on peut assez facilement comprendre l’attention.  Guillaume Gallienne est membre de la Comédie française, tout de même, et il a décidé d’adapter son one man show dans ce film.

Après le théâtre où il jouait tous les personnages, il ne perd pas la main : il tient le rôle de la mère de Guillaume et incarne celui-ci à tous les âges. En plus de cela il est le réalisateur. La grande question est donc : comment ce film est-il reçu par le public ? Et pour citer la mère de guillaume, soyons clair « bah écoutez mon vieux, faut pas charrier hein  », vous aimez ou vous n’aimez pas alors le nouveau film de Guillaume Gallienne ?

La première question qui nous taraude est de quel genre ce film se revendique-t-il, au juste ? Est-ce une retranscription d’un spectacle humoristique ? Un film d’inspiration sociologique ? Une autobiographie ? Ou bien une comédie française tout simplement ?

En tous les cas, la réussite de ce film (car c’est une réussite) repose sur l’étonnante prestation de Guillaume Gallienne. Il en bluffera plus d’un ! A la fois féminin et masculin, victime et bourreau, mère et fils et somme de personnages virils et efféminés. A titre d’exemple on repère que ce sont les mêmes visages entre Guillaume et sa mère, mais celle-ci est tellement bien jouée qu’on en oublierait presque son acteur.

Un humour à croquer

A travers toutes les influences qui ont pu toucher Les garçons et Guillaume, à table !, ce dernier reste une très bonne comédie française. L’humour y est tranchant. Le comique réside pour une part dans le grand classique : le comique de situations avec les déguisements, les quiproquos (le plus marquant étant la scène de la piscine, tout simplement tordante). On peut imaginer d’ailleurs que ce que Télérama appelle «  le plaisir du travestissement »  est en réalité une réflexion sur le rôle et le métier d’acteur. Guillaume se déguise souvent en Princesse Sissi ou en sa mère la duchesse Sophie qu’il estime beaucoup. Il nous fait ici partager son plaisir de jouer un rôle, de jouer la comédie, d’être comédien tout simplement.
Le comique de caractère y est aussi très utile. En effet Guillaume pense être une fille parfois, d’où ses manières et son caractère et cela peut amener de belles répliques comme « Comment ça il y en a qui sont heureux ? C’est qui ça ? Moi je suis normale, quoi de plus normal qu’une fille amoureuse d’un garçon » réplique Guillaume à sa mère.
Il y a aussi du comique plus niais, un peu bas même parfois, ces scènes paraissent plus longues que les autres, trop longues même avec les répétitions, mais heureusement cela s’arrête relativement vite.

 Une trouvaille musicale délicieuse 

Un autre avantage de Les garçons et Guillaume, à table ! c’est la bande son. Celle-ci est sous la responsabilité de Marie-Jeanne Serero. Deux scènes peuvent être particulièrement touchantes et ce grâce à leur musique. D’abord, quand Guillaume rentre dans sa première boîte homosexuelle, on retrouve le fameux requiem de Verdi, Dies irae. C’est une musique de conquête, et là c’est à lui-même qu’il se confronte, réussira-t-il à séduire un homme ? Et à lui-même à être séduit, à se laisser aller ? On l’accompagne dans cette lutte, cet effort car on sera entraîné par cette musique.

Et la seconde musique a apporté quelque chose. Nous l’entendons déjà dans la bande annonce, quand Guillaume tombe dans la piscine après sa première déception amoureuse. Cette musique typiquement alliée dans nos esprits à une comédie romantique rajoute quelque chose qu’on n’avait pas encore trouvé dans le film. Cette comédie française même si elle parle en partie de l’amour, n’est pas vraiment une comédie romantique ; pourtant c’est cette touche là qu’amène le Thème des filles.

Le plus gros point faible de cette belle comédie reste la fin. Celle-ci est trop intimiste, si intimiste qu’on en oublierait presque la présence du spectateur, qui lui-même se sent un peu mal à l’aise au milieu de quelque chose qui ne le concerne plus.

Mais nous ne pourrons que pardonner l’acteur-réalisateur qui avec son ingéniosité et son humour a réussi à nous faire rire tout en parlant d’un sujet grave qui est le trouble de l’identité (sexuelle mais pas que). Alors finalement un filet de psychologie, un brin d’amour et de romantisme, deux bonnes cuillères d’humour, le sachet entier de talent et on saupoudre de deux ou trois musiques … Est-ce là la nouvelle recette de la comédie française réussite après les Ch’tis et Intouchables ?

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