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Interview – Fakear aux Trans Musicales 2013

Fakear était à l’affiche des 35èmes Rencontres Trans Musicales, après s’être produit à Astropolis, à la Machine du Moulin Rouge ou encore au festival Beauregard cette année. Puisant ses influences dans les musiques du monde, il produit une électro exotique depuis 2010 et a sorti au mois de Juin son premier EP “Morning In Japan”. Il revient cet hiver avec “Dark Lands”, dont le titre “Dark Lands Song” est deuxième du top 10 Maze ce mois-ci. Nous l’avons rencontré quelques heures avant son concert.

On va d’abord revenir un peu sur ton parcours, t’as commencé par du rock dans ta jeunesse, puis tu es passé par du trip-hop pour arriver à l’électro avec des influences assez diverses. Comment ça s’est fait ?

Assez naturellement, avec un groupe de rock on avait comme projet de faire un album en studio et c’est en voyant l’ingénieur son bidouiller un peu avec son ordi que je me suis dit que c’était vraiment cool on peut faire ce qu’on veut avec un ordi et deux trois logiciels un peu cool. Du coup j’ai chopé ça, je me suis mis à composer un peu dans mon coin, au début des chansons de rock et j’ai composé un peu pendant deux ans sans avoir de projet vraiment, sans faire de live, en essayant de me trouver un univers, une patte, un truc. Au bout de deux ans j’avais un truc un peu complet, cohérent et du coup j’ai décidé de lui donner le nom Fakear. Je suis passé à l’électro ouais par le trip-hop et pas du tout par la culture club, c’est un parcours un peu bizarre et au final mes morceaux s’en ressentent un peu toujours, c’est toujours des structures couplet/refrain, il y a toujours de la voix, toujours quelque part une batterie, une basse, et des instruments un peu partout.

Tu évolues avec quoi sur scène ? Quel est ton matériel ?

J’utilise deux machines, des MPD, qui sont un peu des variantes de la MPC c’est-à-dire une sorte de boîte à rythme avec des petits carrés qui balancent des samples, reliés à mon ordinateur. Je les penche vers le public pour qu’ils le voient, comme je viens du rock c’est de manière naturelle que je suis allé vers le live et c’est important, tu dois suer, donner de toi, j’ai envie que les gens voient. C’est la surface la plus adaptée à la manière dont je compose et je joue mes compos. J’utilise aussi un drum pad, une sorte de batterie miniature.

Alors tu préfères être en live ou en studio, ou c’est pareil ?

Non c’est vraiment deux démarches différentes, en studio je suis plus Théo, qui compose les morceaux avec ses tripes dans une bulle un peu fermée, il n’y a pas du tout de lien avec le public. Le live, je suis plus interprète, je me glisse dans un personnage, Fakear, qui va interpréter les chansons de Théo plus ou moins.

On remarque dans tes titres beaucoup de sonorités orientales, japonisantes, pourquoi t’es parti vers ça ?

Déjà, je n’ai pas du tout cette culture hip-hop qui utilise des samples un peu soul, un peu jazzy et en fait mes parents étant profs de musique tous les deux j’ai été élevé avec les musiques du monde et c’était assez naturel. C’est vers l’Asie que tu trouve le plus de choses enregistrées, le plus de trucs à sampler, il y en a assez peu finalement en Amérique ou en Afrique. C’est un peu une question d’opportunité, je chope mes samples en farfouillant sur internet et généralement je tombe sur des trucs asiatiques.

On a vu une évolution entre ton premier EP assez japonisant et là ton dernier EP plus varié dans les influences, pour la suite, si tu as un prochain EP en projet ou même un album, tu va continuer par là ou tu vas explorer autre chose ?

J’ai un album en projet ouais, je pense que j’aimerai bien partir … Non, c’est plus une question de beauté du son, de ce que je vais trouver, par exemple en live je joue plein de nouveaux morceaux car je compose énormément et mon EP Dark Lands je l’ai terminé il y a six mois et j’ai fait une vingtaine de morceaux depuis avec des sonorités parfois plus africaines et je travaille avec une chanteuse qui donne une dimension un peu plus occidentale. Après j’aime beaucoup les musiques du monde, ça me touche énormément et c’est pour ça aussi que je vais vers ces sonorités là.

Le morceau Morning in Japan est assez visuel, ça se lie aux sonorités encore japonisantes et le clip n’est pas du tout dans cet univers là, on est plutôt dans les masques, la vieillesse … Comment ça s’est fait le clip ?

Carrément ! Je pense que chacun a sa version du morceau, moi dans le clip j’ai livré ma version. C’était un peu un parti pris de dire, quand j’ai rencontré les deux réalisateurs de ce clip, avec qui je vais d’ailleurs re-bosser, on va enlever cette image un peu japonisante autour de Fakear et on s’est hyper bien entendus autour de Fakear. Comme moi, ils avaient compris le morceau comme quelque chose d’assez mélancolique, nostalgique en retirant le côté Japonais. Au départ, c’était pas du tout ma volonté de faire quelque chose comme ça, je lui ai donné le titre après l’avoir composé et m’en être rendu compte. J’essaie toujours de me rattacher à des choses toujours universelles et très basiques, primaires. Certains ont vu ce morceau et même Fakear comme un projet tourné vers le Japon, et d’autres qui sont peut-être allés un peu plus loin et qui se sont demandé comment leur parlait ce morceau. Ca en a déboussolé plus un ce titre, il faut regarder au delà de l’apparence pour comprendre ce qu’il y a derrière.

La scène caennaise en ce moment se développe encore plus avec le rôle joué par le Cargö, quelles sont tes relations avec eux ?

Je suis pas le mieux placé pour en parler, j’ai déménagé à Paris il y a deux ans, après je suis très pote avec Superpoze, on s’est connus au lycée et on a fait nos premières armes ensemble. Le Cargö font un boulot qui défonce tout, moi en démarrant je connaissais pas grand monde et j’avais pas conscience de ce vivier caennais, c’est en me rapprochant du Cargö que j’ai découvert tout ce monde, on a du bol. J’ai quand même maintenant pas mal de contacts avec Samba de la Muerte, il y a des ponts avec tous les groupes comme Granville, Concrete Knives. Il y a une espèce de réseau qui s’organise autour du Cargö mais aussi autour de Radio Phénix qui diffuse tous les artistes locaux et pas mal de groupes y ont fait leur premières armes, Superpoze et moi y avons animé une émission pendant deux ans.

Tu as fait de grosses dates en 2013, Beauregard, le Nördik Impakt, les premières parties de Wax Taylor, quelle expérience en a tu retiré ? 

C’est des dates très grosses avec de l’enjeu, c’est des super souvenirs, assez exceptionnels mais disons que j’ai aussi de supers souvenirs de petites dates par exemple récemment à Morlaix, c’était mortel, une super ambiance, une super soirée derrière. Sur les gros festivals c’est un peu moins humain, tout le monde court partout et quand tu as 7000 personnes devant toi tu peux pas aller les voir et leur dire bonjour. La proximité n’est pas la même, mais c’est au niveau de la claque sonore que ça marque, c’est vraiment exceptionnel.

Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ? Tu comptes aller voir des concerts aux Trans ?

Ouais, j’ai été voir Le Vasco, je trouve que ce qu’ils font c’est dingue, j’ai eu la chance aussi de faire la première partie de Flume, c’est quelqu’un dont j’apprécie beaucoup le travail. Rone, ça tue. Au Nördik Impakt j’ai vu Jackson & His Computer Band, c’est un live assez difficile d’accès, très cérébral, mais c’est un extraterrestre ce type. Bonobo c’est ma référence absolue et je suis complètement amoureux du dernier album de M.I.A.

Est-ce que tu as déjà imaginé à un moment être là où tu es aujourd’hui ?

Non, j’ai jamais vraiment démarché pour en arriver là, j’ai tenté le coup et à chaque fois l’essai s’est révélé fructueux, c’est hyper gratifiant mais j’avais vraiment pas anticipé ce parcours, j’essaie de m’adapter au fur et à mesure.

Co-fondateur, directeur de la publication de Maze.fr. Président d'Animafac, le réseau national des associations étudiantes. Je n'occupe plus de rôle opérationnel au sein de la rédaction de Maze.fr depuis septembre 2018.

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