Le résumé annonce brièvement l’histoire de quatre magiciens mystérieux de notre époque, les Quatre Cavaliers, qui, à l’occasion de numéros spectaculaires, effectuent d’extraordinaires cambriolages pour, disent-ils, rétablir la justice en rendant leur argent aux membres floués du public. Deux agents du FBI et d’Interpol doivent collaborer pour les arrêter. Mais pour cela, il faudrait d’abord pouvoir expliquer comment il est possible de cambrioler une banque Parisienne à partir de Las Vegas, par exemple. C’est là que les choses se compliquent : ils ont affaire à des illusionistes, ce que met en avant la bande-annonce à grand renfort d’effets spéciaux mêlés aux tours les plus sophistiqués. On s’attend donc à du grand spectacle.
Cependant, quelques reproches sont à faire à ce sujet. Ce film reprend les plus grands tours d’illusion, les classiques de la magie en quelque sorte, avec pour axe principal cette phrase récurrente « Plus vous croirez en voir et plus vous vous ferez avoir », originellement « The more you think you see it’s easier to fool you », grand principe des tours d’illusion. Les plus connus sont celui du lapin qui disparaît dans sa boîte, du magicien qui se volatilise dans une nuage de fumée (ici de billets de banque) et des tours de passe-passe avec des cartes à jouer. Le film les exploite et les rend plus grandioses encore grâce à une échelle agrandie et au recours à la technologie actuelle, ce qui est plutôt plaisant. Mais le problème est que ces grands tours millénaires sont expliqués dans le film, du fait de l’enquête policière en parallèle, et cela brise le mystère qui les entourait, diminuant paradoxalement l’effet produit. On casse la magie en en révélant les trucs au spectateur, qui y assistait justement pour pouvoir être bluffé et mené par le bout du nez.
Ensuite, la bande-annonce nous présente une bande déjà formée, exécutant un plan mûri durant des années peut-être, dont on ne sait pratiquement rien. Et puis, dans la salle obscure, l’histoire débute en fait par des scènes où on les voit chacun de son côté, avec un petit succès et sans grande ambition. Nous avons donc un mentaliste, un pickpocket, une illusioniste qui se produit dans un hangar, et un magicien habile dans la manipulation des cartes. Un jour, ceux-ci reçoivent tous une carte de tarot dans des circonstances et avec des inscriptions mystérieuses. En se rendant au lieu de rendez-vous, on apprend qu’ils ont été appelés par l’Oeil pour être amenés à faire de grandes choses. Et voilà. Ce plan fabuleux n’émane pas de leur intelligence exceptionnelle, une légende est à l’origine de toute cette affaire, et on ressent un petit arrière-goût de déjà-vu en pensant à tous ces films qui ont eu recours au mythe d’un ordre mystérieux passé. Mais le film continue, et une ellipse nous fait les retrouver, propulsés sur une scène de Las Vegas grâce à un mécène riche à millions, ce même personnage qui va être volé sous ses yeux par ses protégés lors de la seconde représentation un peu plus tard. On retrouve donc le fil conducteur de la bande-annonce, ces illusions spectaculaires qui sont très agréables à regarder et l’intrigue principale. Ainsi, ils cambriolent une banque, et sont donc arrêtés un peu plus tard par nos deux agents. Ils jouent au plus malin et sont finalement libérés faute de preuve, car les spectateurs expliquent tout par la magie, ou bien se mettent à jouer du violon à la suite d’une séance d’hypnose générale. Apparaît ensuite un nouveau personnage, un ancien magicien qui à présent révèle les trucs des autres magiciens en DVD et qui gagne assez bien sa vie. Il aide les enquêteurs et leur explique toute l’astuce de leur vol en public.
L’intrigue se poursuit, avec la deuxième représentation, une nouvelle tentative d’arrestation, puis la mort de l’un des cavaliers. Mais le spectacle doit continuer et c’est ainsi que les chevaliers se présentent quand même à leur dernier spectacle, avant de disparaître en sautant dans le vide. Et puis vient la fin, tout en retournements de situations et de suspense bien maîtrisés.
Malheureusement, les recoupements d’histoire, les coïncidences qui expliquent tout sont la réelle résolution de l’énigme, et on apprend que tout est basé sur une histoire de vengeance, comme on le voit souvent dans les thrillers. Car finalement une explication dans les règles n’était-elle peut-être pas si importante, puisqu’en allant voir un magicien à l’oeuvre on ne s’attend pas à des réponses. Et c’est ça, ce petit plaisir si précieux. L’attente, la concentration extrême au moment crucial du tour, et puis la surprise, le retournement de situation et le moment où l’on s’aperçoit qu’on s’est fait berner. C’est ce qui fait la saveur des tours d’illusion, et non pas le moment où le tour nous est expliqué de A à Z, où le mystère n’a plus sa place et l’on finit par oublier la petite excitation qui nous prenait à chaque fois qu’on s’apprêtait à tenter de comprendre le truc.
On ne ressort pas de la salle empli de questions mais de réponses, et lorsqu’on tente de se remémorer les illusions époustouflantes que l’on y a vues, ce n’est plus pareil, il manque cette part de magie si précieuse qui les rendait spéciales.
Et ça, c’est bien dommage.