ART

Escapades secrètes

La deuxième édition d’Escapades d’Hiver, festival organisé par le centre culturel de La Brèche, situé à Cherbourg-Octeville, aura lieu du 17 au 22 Décembre 2013. C’est donc l’occasion de parler du spectacle de Johann Le Guillerm, « Secret », au programme de ces escapades.

Dans un cadre chaleureux, la Brèche accueillera les amateurs de fugues artistiques. Sous un petit chapiteau où circulent des effluves gourmandes, on déguste, on parle, on échange… Une ambiance conviviale pour réchauffer les corps et les cœurs des tensions glaciales de l’hiver, avant de faire le grand saut. Le guide de cette aventure sera Johann Le Guillerm, artiste connu et reconnu dans le monde du cirque. Son spectacle « Secrets » est une invitation dans son univers, peuplé d’inventions dignes d’un Léonard de Vinci aux airs de circassien.

[youtube http://youtu.be/C1-mM-xH3Y8]

Tout au long du spectacle il construit son monde et l’échafaude sous nos yeux. Soudain, nous qui croyions avoir tout vu, tout compris, on reste perturbé par le mécanisme d’une telle intelligence, comme si quelque chose nous avait échappé. Il y a ce grain de magie qui ensorcelle ses œuvres. Tout le génie est là : Johan Le Guillerm nous tend les clés de ses mystères sans que nous puissions les atteindre. « Secret » n’est qu’une énigme de son projet « Attraction ». En effet, il a aussi créé un laboratoire, « Monstration », un parcours semé d’objets communs revus et corrigés. Avec ses machines-outils (sortes de lunettes), le spectateur explore, avance sur les chemins d’un monde parallèle. Dans quel but ? Le circassien nous invite à voir les choses d’un autre point de vue, à réviser notre jugement, les principes établis. Sa « science de l’idiot » (la science de celui qui ne sait pas), terme qu’il emploie pour qualifier son art, intrigue nombre d’universités, chercheurs et botanistes, prouvant ainsi son professionnalisme et son ingéniosité. Ils semblent remettre en question leur propre savoir en découvrant le travail de l’artiste. Dans ce cas, parler de « science de l ‘idiot » est un terme bien réducteur.

Il a le don de nous transporter dans son univers, pourtant invraisemblable, mais il emploie une telle ingéniosité qu’on croit volontiers à ses histoires fantasques. Parmi elles, une dernière vient attirer notre œil et interroger notre esprit : celle de « La Motte », une bien curieuse créature. On la voit tourner telle une planète, exécutant toujours la même révolution. Elle est faite d’une végétation qui pousse en fonction des saisons. Mais qu’est-ce encore que cet extra-terrestre ? Un monde vivant, un monstre captivant. Pourquoi ? Comment ? Johan Le Guillerm est au sommet de son art avec cette création hors-normes. Les questions se bousculent dans notre tête et on pourrait rester des heures à la contempler sous tous les angles, à essayer de comprendre « La Motte » qui ne dévoile pas son secret. Voilà le maître mot qui clôt ce projet : secret. Quelle idée de venir refermer une série de mystères par ce mot, si révélateur et pourtant si énigmatique. C’est là tout le génie de Johan Le Guillerm qui peuple son monde de mystères, de questions sans réponse et de serrures sans clé.

On en reste bouche bée, déconcerté, car tout ce qu’il touche devient magie. Et qu’on se le dise : un magicien digne de ce nom ne dévoile jamais ses secrets.

 

You may also like

More in ART