CINÉMA

Portrait : Helena Bonham Carter

Peut-on imaginer plus de diversité que dans la carrière d’ Helena Bonham Carter ? Elle est tour à tour héroïne dramatique et  « muse burtonienne », elle s’essaie aux films d’auteurs comme aux blockbusters, elle est touchante et fragile puis froide et sans merci, bref … elle est pour chacun un rôle différent qui vient rappeler à quel point sa carrière est immense.

Aujourd’hui, on associe souvent Helena Bonham Carter à Tim Burton, à Johnny Deep, à Bellatrix Lestrange, à ce style vestimentaire étrange qui laisse imaginer une personnalité extravertie, complexe, voire même un peu torturée. Pourtant, elle est aussi ce physique que l’on assimile naturellement aux grands rôles dramatiques et aux grandes figures victoriennes. C’est ce par quoi elle a commencé. Elle campa d’abord une reine anglaise restée sur le trône seulement neuf jours dans Lady Jane, en 1986. La même année elle rencontre James Ivory qui lui offre un rôle dans Chambre avec vue, aux côtés de Daniel Day Lewis. Elle interprète alors une jeune bourgeoise qui ne peut vivre son amour avec un roturier, ce qui la cantonne un peu plus aux rôles dramatiques.

La consécration arrive rapidement avec Retour à Howards End en 1991, toujours pour Ivory et aux côtés, cette fois, d’Anthony Hopkins. Adaptation d’un roman et étude de mœurs de l’Angleterre du XIXe siècle, le film est un réel succès (il obtient notamment un prix à Cannes). La carrière de l’actrice est alors lancée.

Helena Bonham Carter peut alors changer de registre et diversifier sa carrière. Elle s’essaye à la comédie pour Woody Allen, elle est une femme gravement malade et amoureuse dans Envole moi et elle est cette toxicomane amoureuse inoubliable dans Fight Club. Ce rôle marquant signe définitivement son changement de registre et prouve magnifiquement que son talent ne s’arrête pas aux rôles à corset.

Après une nomination à l’Oscar du meilleur second rôle féminin, un autre rôle va changer sa carrière, marquer un tournant dans sa vie et dans la perception que le public a d’elle. En 2001, elle joue dans La planète des singes, de Tim Burton. On retiendra cependant plus la naissance de leur couple que la qualité du film … Elle devient alors une « muse burtonienne », enchaînant les rôles dans ses films et offrant à chaque fois des prestations remarquables.  Elle est d’abord la sorcière qui traumatise les enfants dans Big Fish, sublime histoire merveilleusement mise en scène et dont la poésie n’a pas fini de nous habiter. Dans Charlie et la chocolaterie elle incarne la mère du jeune garçon inventé par Roald Dahl. Elle prête ensuite sa voix à Emily, défunte mariée des Noces Funèbres. Elle est Mrs Lovett, rôle qui lui tient particulièrement à cœur dans Sweeney Todd. Elle a toujours voulu incarner ce grand personnage mais le chant posait problème. Elle a alors passé des mois à s’entraîner tous les jours afin de pouvoir l’interpréter. Et le résultat est incontestablement remarquable. Elle est ensuite la Reine de Cœur dans Alice aux pays des merveilles, remake raté mais succès incontesté et elle apparaît aussi dans Dark Shadows, remake raté et bide incontesté …  Tim Burton a su lui offrir des rôles différents qui lui permettent à chaque fois de montrer l’étendue de son talent. Il a indéniablement réussi à lui ôter cette image d’actrice aux rôles victoriens à tel point que l’on attache souvent Helena Bonham Carter à cette image de femme génialement déjantée.

Il faut bien le dire, son rôle dans la saga Harry Potter contribue à cette image. Mais la force de l’actrice est de faire d’un second rôle un personnage absolument marquant, complétement excentrique et agréablement inquiétant. Si on l’associe forcément à la sorcière totalement dérangée, elle prouve une nouvelle fois dans Le Discours d’un Roi qu’elle peut tout jouer. Elle incarne alors l’épouse du roi bègue, un rôle beaucoup plus classique dans lequel elle excelle. Elle chante aussi dans Les Misérables et est actuellement à l’affiche de L’extravagant voyage du jeune et prodigieux TS.Spivet de Jean-Pierre Jeunet.

 A travers cette filmographie incroyablement diversifiée, Helena Bonham Carter n’a de cesse de nous impressionner. Elle est toujours touchante et marquante, drôle ou terrifiante, elle parvient toujours à nous émouvoir, à nous livrer une prestation formidable qui nous en dit toujours un peu plus sur elle tout en brouillant à chaque fois les pistes. Qu’elle prenne un corset ou une baguette magique, qu’elle chante ou qu’elle s’essaye à un grand rôle classique, qu’elle incarne une personnalité extravagante ou une fille de bonne famille, qu’elle soit une toxicomane névrosée ou une sorcière totalement dérangée, elle nous montre à chaque fois un pan de sa personnalité aussi diversifiée que son talent est immense.

You may also like

More in CINÉMA