Théâtre de violences continuelles depuis plusieurs décennies, la République Démocratique du Congo reste la grande ignorée des gros médias. Le conflit qui s’y joue est le résultat d’une constante surenchère de violence et ne semble pas trouver d’issue.
Avant la colonisation du territoire correspondant au Congo actuel, le pays était divisé en royaumes tels que le Luba, le Kuba, le Lunda ou le Kongo. Le pays a subi la traite des Noirs, qui a commencé sur le littoral mais qui s’est étendue ensuite dans les terres et le trafic de l’ivoire. Ces deux commerces ont contribué à l’enrichissement de certains royaumes aux détriments d’autres.
Les frontières de la République Démocratique du Congo ont été définies lors de la conférence de Berlin en 1885. Ainsi, le 1er août 1885, Léopold II de Belgique devient le souverain du Congo. Le pays participe à la Guerre 14-18 en remportant la bataille de Tabora aux côtés de la Belgique et s’engage aux côtés des Alliés durant la Seconde Guerre Mondiale. Suivant le mouvement indépendantiste qui secoue l’Afrique coloniale, se réunit au Congo en 1960 la Table Ronde de Bruxelles. Cette table ronde permet en mai les première élections législatives, qui voient l’élection du président Joseph Kasa Vubu et du premier ministre Patricia Lumumba. En 1960 est déclarée l’indépendance de la République du Congo.
S’ensuivent ensuite des conflits avec la sécession de la région du Katanga par Kapenda Tshombé Moïse et la sécession du Sud Kasaï. L’aide promise par l’ONU n’arrivant pas, Lumuba demande alors l’aide de l’Union Soviétique ce qui l’isole du président Kasa Vubu. Le général Mobutu Sese Seko, soutenu par les États-Unis qui voient d’un mauvais œil le rapprochement de Lumumba avec le bloc communiste, engage alors la première guerre du Congo en 1962. Une fois Lumumba éliminé, l’ONU s’engage aux côtés du général pour reconquérir le Sud Kasaï et le Katanga. En 1965, Mobutu Sese-Soko renverse Joseph Kasa Vubu et entame l’africanisation en 1971 du pays. Ainsi, le pays est renommé en République du Zaïre : le port du costume occidental est interdit (l’abacost), l’africanisation des noms est obligatoire, etc. L’économie du pays subit alors de graves dommages suite à une corruption et à une mauvaise gérance qui entraînent une inflation vertigineuse.
1994 voit le génocide au Rwanda coûter la vie à 800 000 personnes, à majorité d’ethnie Tutsi. Après la prise du pouvoir par les Tutsis, les Hutus (dont certains extrémistes sont responsables du génocide) s’enfuient dans différents pays et notamment en République du Zaïre. Les tensions au sein du Zaïre à la frontière avec le Rwanda culminent entre Tutsis et Hutus et voient la coalition des armées ougandaise et rwandaise envahir le Zaïre en 1996, avec comme but la destruction des milices Hutus mais aussi le pillage des ressources congolaises. La coalition est rejointe par différents hommes politiques du Zaïre opposés depuis de nombreuses années à la dictature de Mobutu. Ainsi Laurent Désiré Kabila, à la tête de l’opposition, fait fuir le général Mobutu le 17 juin 1997, s’autoproclame président et renomme le pays en République Démocratique du Congo. Craignant que la coalition envahisse le pays, Kabila demande le retrait des troupes ougandaises et rwandaises. La coalition est réticente car elle comptait profiter des nombreuses ressources naturelles du pays. Les troupes rwandaises se retirent à Goma, région frontalière avec le Rwanda, où se crée une nouvelle milice Tutsi. En 1998 commence la seconde guerre du Congo qui implique le Rwanda, la Namibie, l’Angola, le Zimbabwe, le Tchad, le Burundi et de nombreuses milices. En 2001 Laurent Désiré Kabila est assassiné et c’est son fils Kabila qui lui succède. Il en profite pour négocier des accords de paix. Les troupes de maintien de la paix de l’ONU, MONUC, arrivent en avril en 2001. L’armée du Rwanda est la seule à ne pas s’être retirée. Par la suite un nouveau conflit éclate en 2002 au sujet des ressources naturelles du Congo. En 2006, Joseph Kabila est élu président après une longue polémique sur le supposé trucage des élections. Le pays est toujours sous tension avec un État qui a de lourdes difficultés pour imposer son autorité dans le pays.
Aujourd’hui, le Congo se classe parmi les pays les plus pauvres, avec une économie majoritairement primaire avec 70 % des actifs employés dans l’agriculture et tournée vers l’exportation. En effet, aucune industrie de pointe n’a été construite sur le territoire et les minerais font souvent l’objet d’exploitation clandestine. De plus, 87.7 % de la population congolaise vit en dessous du seuil de pauvreté, soit moins de 1,25 dollar par jour. Ce qui pourrait surprendre est la pauvreté du pays comparée à toutes les richesses naturelles présentes sur son sol (or, cobalt, diamant, cuivre…), le problème étant que les guerres, la corruption, la mal gérance ou encore les détournements de fonds de l’ère de Mobutu qui y règnent depuis 1977 ont laissé la République Démocratique du Congo exsangue. Le tourisme a été ruiné par les guerres et les mines du Congo, qui détient 10 % des ressources en or du monde, sont les proies des pilleurs.
Situé au 186ème rang de l’IDH en 2013, la République Démocratique du Congo est considérée comme le pays le plus en difficulté dans le monde. Au niveau de la santé, l’espérance de vie est de 48,7 ans (contre 55 ans en Afrique), le taux d’accès aux services de bases est inférieur à 26 % et on trouve des cas de paludisme, sida, tuberculose, de lèpre ou encore de peste dans le pays. Le système éducatif congolais est entièrement financé par les parents des élèves : le taux de scolarisation est de 52 %, avec un fort taux d’analphabétisation : 33,2 % (43,3 % pour les femmes).
Les conditions de vie sont donc très difficiles avec de nombreux groupes en difficulté (orphelins, enfants soldats, femmes, réfugiés, enfants déscolarisés) manquant de soins et de nourriture. Un autre problème s’ajoute aux précédents : le viol, utilisé depuis plusieurs dizaines d’années comme arme par les Tutsi, Hutus, Mais-Mais, Rwandais, Congolais ou encore le M23 durant les guerres qui ont secoué le pays. Ces atrocités ont fait depuis 1996 plus de 500,000 victimes et touchent tous les âges de la manière la plus horrible qui soit. Le viol, mis en scène, collectif, est une arme de découragement visant à démolir et terroriser, jetant dans la honte les femmes et les familles des victimes. Le Dr Mukwege, médecin spécialiste qui opère ces femmes victimes, a tenté d’alerter l’Onu, la Maison Blanche ou encore le conseil de l’Union Européenne, sans résultats à part des dotations pour son hôpital. Ces crimes ont eu pour conséquence la progression du virus du sida dans le pays.
Toujours sous tension, le pays vit par exemple avec la menace du M23, un groupe armé localisé dans la province de Goma en proie à toutes les violences. Accusé de nombreuses violences contre la population congolaise (viols, exécutions sommaires ou encore recrutements forcés d’enfants), le groupe a été crée par des ex-rebelles intégrés dans l’armée congolaises, qui se sont par la suite mutinés. Il a été avéré que le Rwanda comptait parmi les appuis du M23 en République Démocratique du Congo (recrutement, approvisionnement, appui logistique en territoire rwandais).
Ainsi, le pays ravagé depuis des années par les guerres et les conflits entre groupes armés subit toujours les conséquences du génocide rwandais, des dictatures et de la violence. Tous ces affrontements ont causé une régression économique, sociale et de nombreux pillages des ressources. Après l’immobilisme de la Communauté Internationale, peu d’actions sont réellement menées. Rappelons que les États-Unis avaient soutenu le Rwanda et l’Ouganda dans les années 1990 dans le but de renverser le dictateur mais aussi implicitement pour faire pardonner leur inaction lors du génocide au Rwanda. La loi Obama par exemple (L’article 105 autorise le secrétaire d’État américain à suspendre toute aide à un pays étranger s’il estime que le gouvernement dudit pays tente de déstabiliser la RDC) n’a jamais été vraiment appliquée. Récemment les Nations Unies, l’Union Européenne ou encore les États-Unis tentent de trouver une solution pour l’est du pays, lieu où se concentrent les conflits, mais combien de temps la population qui en subit de plein fouet les conséquences devra t-elle attendre pour goûter enfin à la paix ?