Dans le rayon des révélations anglaises à ne surtout pas rater de cette rentrée (ou cet automne), il y a King Krule, The Strypes, China Rats, Temples, Teleman… Et puis, il y a le phénomène du moment, nommé London Grammar. Ce trio fondé en 2010 (sur Facebook en plus, une vraie story 2.0 quoi !) à la fac de Nottingham, se démarque de ses collègues, en proposant une indie pop frissonnante et mystérieuse à faire pâlir Florence Welch en terme de voix ou The XX pour les mélodies. S’ajoutent les influences de ces trois rêveurs, qu’elles soient issues du trip-hop (Massive Attack, Portishead) ou la pop (Lana Del Rey ou Adele, choisis ton point de vue !). Un mélange audacieux disons, un pur concentré grammatical jaillissant des ambiances londoniennes. Prêt pour un voyage au pays urbain et songeur d’Hannah, Dot et Dan ? Alors accroche ta ceinture, décollage imminent.
Revenons à l’hiver dernier. Une bonne partie de la blogosphère découvre London Grammar, à coups de sons coupant le souffle. Que ça soit Hey Now (qui ouvre aussi leur premier LP d’ailleurs), track post-XX à l’ambiance sombre, feutrée et intime, Metal & Dust (l’un de mes coups de coeur) et son mid-tempo trip-hop sauce nineties, soulignée par la voix vaporeuse d’Hannah, et l’un des tubes indie de ces derniers mois, Wasting My Young Years, une ballade-merveille douce et profonde, the perfect track qui te prend aux tripes. Le tout réuni dans un premier EP sorti en février. L’histoire de la pop conjuguée à l’anglaise pouvait enfin commencer sous de beaux auspices, et gagner du terrain avec un featuring, grâce au duo électro anglais Disclosure, avec le très sexy et rythmé Help Me Lose My Mind, extrait de leur premier opus Settle sorti en juin dernier.
Et alors, que vaut donc le premier album de ces trois petits génies, If You Wait ? Il vaut quand même quelque chose, puisque tu risques d’être ébloui par leurs mélodies, surtout si tu considères que Wasting My Young Years est TON tube de la saison estivale. Stay Awake permet de refroidir les premières émotions ramassées sur l’ouverture du disque, plus calme mais ça fait son charme. Quoique. Shyer est sympa aussi, un petit mélange trip-hop & pop minimaliste, avec quelques influences soul/R’n’B. Après la petite tempête Wasting My Young Years, Sights est calme, plus ballade pop ennuyeuse (seules les guitares sauvent les meubles) que tuerie pop. Mais passons, puisque Strong prend le relais. Autant la piste précédente me laissait un peu sur ma faim (on repère vite les coups de coeur sur cet opus…), mais là… on frôle la perfection. Mélodie mystérieuse, voix sombre et lyrique, même potentiel que les titres de l’EP. Coucou les frissons sur la peau. Au rayon “la cover c’est tellement tendance”, le trio s’attelle au plus gros hit de Kavinsky, Nightcall. Bien que l’idée soit du déjà vu, l’interprétation est vraiment bonne (surtout la fin !). Interlude est frissonnante aussi, une ballade ou la jolie voix d’Hannah surmonte les instruments principaux (piano, guitare, batterie). Quant à Flickers, à la fois tribale et douce, est la petite surprise auquel on ne s’y attendait pas. Pareil pour If You Wait, pépite piano-voix, ambiance poétique et sombre. Une pure merveille, de même que Help, une autre jolie et douce ballade, d’une beauté convenable. Du côté des titres bonus, je retiendrai trois titres aux allures mid-tempo trip-hop/pop vraiment sympas : Darling Are You Gonna Leave Me, High Life et When We Were Young. Maybe est pas mal certes, mais un peu ennuyeuse, une nouvelle fois.
En conséquent, on a droit à un album additif et planant, qui trouvera facilement sa place dans ton iPod ou autre. Malgré quelques petites déceptions (mais rien de grave), le premier bébé de London Grammar est rempli de tubes et de tueries à écouter sans limite. Okay, ce n’est pas forcément l’album de l’année, mais je pourrais considérer que ce groupe, d’une, ira sûrement loin, et de deux, figure parmi les grandes révélations de 2013. Bref, si tu raffoles de Florence + The Machine, Lana Del Rey, Massive Attack ou The XX, pas de doute, ce disque est fait pour toi. Et si tu as envie de les voir en live, pas de panique, ils viennent en France à la fin de l’année pour une série de concerts, avec une date parisienne le 9 novembre (La Cigale) dans le cadre du festival Les Inrocks, aux côtés de Valerie June et Jacco Gardner. Suivront Nantes (le 10), Nancy (le 12), Lille (le 13), Lyon (le 15), Strasbourg (le 16), Toulouse (le 18) et Bordeaux (le 20). Et si tu prévois d’aller aux Trans Musicales de Rennes en décembre prochain, sache qu’ils sont programmés le jeudi 5 (Parc Expo, Hall 4), avec La Yegros ou Chic Gamine notamment.