Il vient juste de fêter ses 19 ans, mais l’âge n’est pas si important que ça, finalement. Sous ses airs de crooner punk, Archy Marshall, alias King Krule, mélange suavement post-punk, new-wave et quelques influences venues du blues (on peut comparer son style à une ville sombre par exemple). 6 Feet Beneath the Moon, sorti récemment, témoigne de son talent en étant l’un des disques à ne pas rater de cette rentrée.
Le jeune rouquin (mon chouchou de la rentrée, c’est pour dire !), sortant tout juste de l’adolescence, n’a pas seulement à son premier essai dans le joyeux et (parfois douloureux) monde de l’industrie musicale. Petit rappel des faits. 2010. Archy s’affiche sous le pseudo de Zoo Kid et fait trembler la blogosphère musicale hype avec Out Getting Ribs (qu’on peut d’ailleurs trouver sur ce premier album), clip simpliste mais faisant son petit effet. Les premières prémices du futur roi (ou prince) cruel sont posées : voix jazzy et rocheuse, look vintage et urbain, style musical partant dans tous les sens mais identifiable au bout de quelques écoutes. Après être devenu tel que nous le connaissons aujourd’hui et sorti un second EP (après un premier en 2010, U.F.O.W.A.V.E, auto produit) fin 2011, le garçon revendique sa musique comme de la blue-wave. Sombre et doux, énervé mais fleur bleue au fond, triste et perdu. Une seule chanson de ce jeune surdoué artistique, né de parents musiciens, peut cacher plusieurs émotions, quelques états d’âme. Ce qui lui a valu une nomination au BBC Sound of 2013 fin de l’année dernière, aux côtés de ses collègues locaux AlunaGeorge, Peace ou Laura Mvula.
La first track ouvrant ce disque, le lead-single Easy Easy, se résume comme un moment où l’on peut réfléchir, faire le point sur sa vie, tout en contemplant un paysage d’une ville nocturne et sombre. Du moins, c’est la définition que je donne en l’écoutant, d’autant plus qu’on ressent quelques émotions : l’envie de pleurer, l’envie de broyer du noir. Or, je trouve cette chanson vraiment magnifique, qui me prend par les tripes dès les premiers instants. Ce côté punk, ce côté bluesman, ce côté un peu rebelle, traduit visuellement par un clip vintage tourné à Londres et bien foutu en plus. Voilà ce que je cherchais dans mes découvertes musicales depuis un petit moment. Cela ne se désemplira pas au travers des tracks suivantes, auquel s’offre un prolongement pour les aficionados de la première heure ou une immersion pour ceux ne connaissant pas encore l’univers du jeune homme, à la fois urbain, punky et jazzy, entre voix qui nous marque, sons à l’ancienne et mélodies fortes (Border Line, Foreign 2, Will I Come… sont mes pistes fétiches de cet opus). Coup de coeur aussi pour Baby Blue, ballade post-punk teinté de romantisme sombre, ambiance film gangsta à la fin des 50’s, et Neptune Easte, ovni R’n’B sensuel accompagné de sonorités jazz, et d’une guitare électrique pour sublimer le tout.
Ce n’est pas forcément LE disque de l’année, mais l’un des LP qui risque de m’accompagner pour cette rentrée, tout naturellement, avec quelques autres disques dont je parlerais ultérieurement. Mais si tu veux prolonger l’expérience King Krule, sache qu’il a d’autres projets sous la main, aux styles différents. Comme Edgar The Beatmaker, so hip-hop (et qui est pas mal d’ailleurs), ou DJ JD Sports, très électro-lounge. On peut donc écouter ses deux side-projects facilement sur la toile. Et revenons à King Krule un petit instant, côté live : une tournée européenne est programmée pour le mois d’octobre, avec une date parisienne (soldout !) le 11 au Trabendo.