MUSIQUE

Rencontre avec Charlie Winston et Saule

A l’occasion de la sortie de son album “Géant” produit par Charlie Winston (avec un duo sur Dusty Man) (Novembre 2012), de sa tournée de l’été ainsi que du concert de Charlie Winston au Wilderness Festival en Aout, les deux musiciens nous ont accordé du temps pour répondre à nos questions.

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Saule – Charlie Winston

– Maze : Saule, ta collaboration avec Charlie Winston. Comment s’est-elle passée ?

Saule : C’était assez récréatif, on était vraiment comme des gosses et si on avait envie de rester jouer plus longtemps, on le pouvait, ou de prendre une gratte pour délirer, on pouvait le faire.

– Maze : Un de tes albums s’appelle Western, une de tes chansons s’appelle “Cowboy”, une autre “Désert de sa Vie” et le clip de “Dusty Man” rappelle les grands espaces des films western, justement du début du XX siècle. Une attirance ?

Saule : C’est peut-être l’inspiration aux grands espaces, du coup tu es obligé de les écrire comme ils ne sont pas là. (rires). Mais non, j’ai toujours galéré à trouver un appartement, et pour “Western” il y avait justement cette sensation de traversée des terres. On est dans le ternaire avec des grosses guitares, donc ça fonctionne bien.

–  Maze : Tes références ?

Alors ça va un peu partout, j’aime tous les styles de musique du moment que ça me touche et que ça m’accroche. Alors dans mon iPod on peut trouver du Edith Piaf, du Rage Against the Machine, du Massive Attack. J’ai pas de limites stylistiques.

– Maze : Que pensez-vous du vidéo-clip ou des moyens de représentation de la musique ?

Charlie Winston : J’aime l’importance du vidéo-clip. D’ailleurs quand j’écris mes chansons, je me rends compte qu’elles sont très visuelles et que dans ma tête défile un scénario que j’aime confronter aux scénarios écrits par les autres.

Saule : Alors j’étais content de faire un clip, avec Charlie justement, car sur mon deuxième album je n’avais pas eu de clip, j’avais une maison de disque qui avait mis tous ses sous dans l’album, l’affichage et tout ça (rires). Avant de faire Saule, j’ai fait le Conservatoire de théâtre et j’ai suivi le cursus pour être comédien et Saule a pris le dessus, et j’étais content de revenir à ça en me retrouvant devant une caméra pour un clip d’une de mes musiques. Et la scène, c’est l’incarnation de tes chansons devant les gens, et j’ai toujours adoré ça. Dans Saule il y a pas mal d’histoires qui sont racontées et donc venir devant les gens pour raconter des histoires, c’est comme je l’ai dit mon terrain de prédilection. Quand j’écris des chansons, je pense avant tout à la scène. J’ai mis mes musiques sur le net et un label m’a appelé, la musique est venue à moi alors que je voulais faire du théâtre et pour moi la musique était à côté et je jouais dans des petits festivals punk, et cette force m’a aidé à jouer aujourd’hui avec finesse mais aussi avec force.

– Maze : Charlie, l’image du “Hobo” te colle à la peau, toi, Saule, celle du “Géant”, quelques mots sur cela ? Ce sont plus que des images, vous les vivez ?

Charlie Winston : Je pense que c’est juste une partie de ma vie… vivre dans sa valise… et c’est un style de vie que j’ai entretenu pendant des années et qui me convient bien. Mais je me rends compte aujourd’hui que j’aurai besoin d’un chez moi, d’une sorte de base et il y a de fortes chances pour que je me loue un petit quelque chose, histoire de ranger mes livres par exemple. (rires) Ce sont des choses qui me manquent et il est vrai que ce ne serait pas un luxe de changer de vêtements plus souvent (rires). Si ça se trouve dans quelques temps je n’aurai plus envie d’aller nulle part et juste de jouer du piano de temps à autre.

Saule : Et bien je n’ai qu’une chose à te dire, regarde moi (rires).

– Maze : Maze Magazine est un magazine créé et rédigé par des jeunes entre 17 et 25 ans pour des jeunes du même âge (et plus). Avez-vous un conseil pour cette génération désireuse de se lancer dans l’écriture, la musique, les arts ?

Charlie Winston : Je me souviens quand je me battais pour être remarqué, c’était vraiment difficile de trouver un tremplin de représentation pour amener les gens à découvrir ce qu’un artiste fait. Et c’est d’autant plus complexe aujourd’hui avec les plateformes de visionnement internet où il y a trop d’informations. Donc j’aime l’idée. Un conseil… Rester naturel et sympa, c’est peut-être ça le secret. En fait je ne sais pas s’il y a un secret. J’ai appris que si tu veux être heureux, il faut juste être heureux. Être soi-même. Il y a eu des moments pendant ma dernière tournée où je me permettais d’être malheureux pour certaine chose… Mais c’est dans la tête comme tout le monde.

Saule : Moi quand j’avais 18 ans, j’avais le cul entre douze chaises, pas entre deux, mais entre douze (rires), je voulais faire de la BD, je voulais faire comédien, de la musique mais tout en ayant aucune formation. Même pour la musique, je n’ai aucune formation. Alors ce que je peux dire à des gamins qui se lancent et à qui on rabâche quand ils ont 18 ans : “non tu peux pas faire musicien, il faut faire douze ans de conservatoire avant pour espérer un jour monter sur scène… tu n’as pas de formation”, je peux leur dire à tous ces passionnés même si leurs parents ne sont pas forcément enthousiastes, allez-y. Même mes parents m’ont longtemps questionnés sur la cohérence de mes choix, mais je pense que si on est vraiment motivés et passionnés on finit bien par convaincre son entourage et plus encore.

Propos recueillies par Thibault Comte et Mélanie Chappaz.

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