SOCIÉTÉ

Ces produits insolites relançant l’économie

Tandis que le Royaume-Uni vient de perdre son “AAA”, et que l’impopularité d’Hollande atteint son apogée passant de 27 % à 21 %, certains pays cherchent des solutions à la crise qui sévit au sein des pays européens dans des produits que nous ne pensions pas capables de relever l’économie. Les pays ayant le climat le plus favorable de l’Union Européenne en profitent pour étendre leur production de matières premières. Par exemple, la Grèce retrouve un souffle à travers la production de pistache tandis que l’Espagne étend son exportation d’huile d’olive dans le monde entier.

La Grèce comporte de nombreuses petites îles dans le golfe saronique connues entre autre pour leurs chats et leurs yaourts. Mais parmi toutes ces îles, il y a Egine. Egine ou “l’île de la pistache”. Dans tout ces ports, que vous passiez à Perdika, Marathon ou encore Vaya, nombre de commerçants vendent leurs propres recettes innovantes avec les pistaches du pays. Les agriculteurs du pays ont désormais le produit qui peut leur épargner la crise pendant un moment.
La Grèce produit environ 9000 tonnes de pistaches par an, ce qui la situe à la sixième place mondiale après l’Iran, les USA, la Turquie, la Syrie et la Chine.

Sur l’île grecque, la production de pistaches n’est pas une production de masse. Egine se contente de faire de la pistache de qualité ce qui la rend saine, sans engrais tel que l’OGM. La pistache est d’appellation d’origine contrôlée (AOP) et est donc très demandée dans le monde entier. Son prix est très élevé dû à sa demande excessive. En France, cela peut même atteindre 20€ le kilo.
La culture de pistache a commencé sur Egine dans les années 60. Certains pêcheurs ne trouvant plus assez de bénéfices dans le poisson ont décidé de mettre pied sur terre et de se lancer dans cette culture qui était peu onéreuse à l’époque. De nos jours, certaines familles des plus riches de Grèce ont fait fortune dans la pistache.

Il y a 60 ans, le père de Nota, qui est enterré à l’ombre d’un cyprès, se lançait sur cette île au large d’Athènes dans la production de la petite amande verte dont vivent aujourd’hui sa fille et ses petits-enfants. Les Gika, devenus les plus gros producteurs de l’île avec un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros en 2010, disposent de machines flambant neuves. Le Monde

egine

La mise en place d’un traitement des pistaches a été compliquée ces dernières années. Le pays déclinait tandis que le prix des machines augmentait. L’année 2011 a été catastrophique en termes de productions pour l’île : Les agriculteurs n’ont produit que 5 tonnes par famille, alors que la production tourne habituellement aux alentours de 30 tonnes par an.

Les difficultés de la crise ne disparaissent pas mais elles sont atténuées par la vente totale du stock produit. Il y a un an, Nikolaos Stamboulis, président de la coopérative des pistachiers d’Egine s’était prononcé sur ces ventes :

Nos commandes ont baissé, et les ventes de notre kiosque au port ont reculé de 25 % ces trois dernières années. Mais nous nous sommes efforcés de démarcher plus de petits magasins et nous écoulons toute notre production

La pistache est donc un enjeu majeur pour la relance de l’économie grecque. Certains professionnels d’un autre secteur se mettent même à la pistache pour compléter leur salaire de fin de mois. Par exemple, la journaliste  Heleni Kypreou possède quelques pistachiers en Grèce et elle s’est exprimée sur le sujet lors d’une interview :

« L’agriculture résiste bien, la crise n’est pas vraiment un problème. L’agriculture pourrait être un grand atout pour la Grèce. Mais il y a un problème d’envie, de mentalité. Le tourisme a fait croire à l’argent facile. Avant la crise, les gens préféraient utiliser leur terrain pour construire des maisons, des pistachiers étaient arrachés. Personne ne voulait travailler la terre. »

Suite à cette interview, il y a eu une prise de conscience de la population grecque qui a cherché à redécouvrir l’agriculture. Ainsi on voit une augmentation  de ce secteur dans le pays. La part des agriculteurs dans la population active est passée de 11,3 % en 2008 à 12,5 % en 2010.
La question de l’âge est un problème majeur. En effet, les jeunes diplômés ne veulent pas se réduire à l’agriculture. Ils rêvent d’un meilleur avenir. Les productions agricoles ne sont reprises que par des personnes plus âgées et bientôt en âge de ne plus travailler. Aujourd’hui, même si le chômage a diminué de quelques points, la moitié de la jeune population active est au chômage.

Un deuxième produit méditerranéen qui pourrait relancer l’économie de la Grèce, l’Italie ou encore l’Espagne est la culture de l’olive et plus particulièrement l’exportation de l’huile d’olive.

La demande de l’huile d’olive dans des marchés émergents a grandi à un taux de plus de 13 % depuis 2007 et on s’attend à ce qu’une telle croissance de chiffre double continue pendant au moins les cinq prochaines années.
Le marché mondial de l’huile d’olive a augmenté de 3 % entre 2008 et 2012, mais ce taux de croissance varie considérablement entre les différents marchés »

Tel est le rapport de la banque néerlandaise Rabobank et plus précisément de l’analyste Vito Martielli. Rabobank est spécialisée dans la négociation des matières premières. On voit que la demande de l’huile d’olive dans le monde augmente. Les pays du Sud de l’Europe, grâce à leur atout climatique, ont à jouer gros sur ce point.

« Les pays traditionnellement consommateurs du Nord de la méditerranée, à savoir l’Italie, l’Espagne et la Grèce, ont la plus forte consommation par habitant (plus de 12 kilogrammes par personne), mais sont caractérisés par un marché très mature. En revanche, les marchés développés offrent un potentiel important en termes de valeur (à l’heure actuelle, ils représentent 41 % du marché mondial) avec des taux qui devraient se poursuivre autour de 4 % pour au moins les cinq prochaines années. »

Les marchés émergents qui détiennent le plus grand potentiel pour l’industrie de l’huile d’olive affichent un taux de croissance impressionnant de 13 % au cours des cinq dernières années et devrait se poursuivre. Le Brésil et la Chine sont les deux plus importants en termes de volume et les producteurs se préparent à exploiter les opportunités offertes dans chaque pays.
Ces phrases de Rabobank montrent que la production de l’Union Européenne en terme d’olives est considérable.
Selon L’International Oil Council, l’Union Européenne produit 75 % de l’huile d’olive et exporte dans le monde entier.

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Le site spécialisé dans le commerce d’huile d’olive a publié un tableau comparant l’évolution des importations d’huile d’olive dans le monde ces dernières années.

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Le premier pays européen producteur d’olive est l’Espagne. Pendant l’année 2011, elle a récolté 1.5 million de tonnes d’olives dans les parcelles réparties dans tout le pays. L’Italie et la Grèce, respectivement deuxième et troisième d’Europe, récoltent 400 000 et 300 000 tonnes. Si l’on compte les pays avec de faibles exportations, l’UE a récolté 2.5 millions de tonnes soit une hausse de 9 % par rapport à l’année précédente.

La plupart de la production d’olives est consommée par les pays Nord de l’Union Européenne soit la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, le Portugal ou encore les Italiens qui consomment beaucoup de leur propre production.

Mais on voit l’apparition de pays émergents, friands de la culture gastronomique française et européenne. Par exemple, le pays dominant de l’Asie, la Chine, est un gros consommateur.

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La République Populaire de Chine importe principalement l’huile de l’UE, soit 91 % des importations.  Et l’on voit sur le graphique une forte augmentation avec une hausse de 38 %, avec 45 000 tonnes en 2012.

Ainsi, des produits de consommation peuvent relancer l’économie d’un pays ou du moins, entamer une reconversion.

Rédacteur et Correcteur chez Maze Magazine, également fondateur et rédacteur en chef du site web d'actualité lecontinu.fr Étudiant en droit, il réalise également son premier court-métrage pour le Nikon Film Festival et est scénariste sur des projets en développement.

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