CINÉMA

Amour & Turbulences

Amour et Turbulences, une énième comédie sentimentale inspirée d’Hollywood ?

Je dois avouer que j’étais partie avec un a priori plutôt négatif. Une femme, Juliette, jouée par Ludivine Sagnier, mystérieusement surclassée pour son vol New-York-Paris, se retrouve à côté de son ex-compagnon, Antoine, interprété par Nicolas Bedos. On se doute alors de la fin et ce dès la bande annonce, non ? C’est, du moins, ce que je me disais ! Mais ce film réserve quelques surprises.

Ce qui m’a sincèrement étonnée, c’est la façon dont le réalisateur, Alexandre Castagnetti, joue avec la définition du cinéma. Il prend une comédie sentimentale type, ce qui suppose, dans un sens, que ce n’est pas le suspense qui attirera le spectateur. Il ajoute ensuite la contrainte de l’avion : comme au théâtre c’est un lieu fixe. Les personnages sont donc bloqués au même endroit. Mais pas facile de créer des rebondissements dans ce genre de cadre. Il a ensuite habilement placé quelques seconds rôles amusants, un steward complice, une fillette curieuse et un grand-père encourageant par exemple. Tout cela permet au binôme d’être relancé à raconter son histoire petit à petit. Des proches extérieurs à l’avion interviennent aussi. Antoine est encouragé à essayer de séduire à nouveau Juliette, tandis que celle-ci est avertie du danger par sa mère et tente de le tenir écarté. Mais le tour de passe-passe à été de fonder le film principalement sur des flash-back. On voit alors que le réalisateur recherche plus l’aspect esthétique dans son oeuvre. En effet, plusieurs scènes n’ont pas un intérêt essentiel pour l’histoire mais sont visuellement plaisantes. Il intègre aussi des images ludiques comme des transitions entre différents souvenirs ou différentes versions des faits. On verra parfois successivement la vision des choses des ex-compagnons, ce qui permet que les éléments ne se révèlent qu’au compte-goutte. Et finalement on se prend à essayer d’imaginer ce qu’il a bien pu se  passer entre eux pour que ça en arrive là. Ce film prend la forme d’une énigme qui attise notre curiosité.

On ressent aussi les influences modernes comme le style de Chaumeil dans l’Arnacoeur quand le réalisateur nous dévoile son personnage principal comme le stéréotype de l’homme détestable, qui n’a que faire des femmes, qui vit dans l’alcool, le sexe et le business. Mais peu à peu Nicolas Bedos se révèle assez touchant. C’est un des bons points du film : on voit une réelle transformation dans le jeu d’acteur. Et bien que le parti pris soit plutôt en faveur de la femme, l’homme n’est pas pour autant toujours désapprouvé. Mais cela reste encore trop dans la consigne du sentiment avant tout.

En effet il y a des défauts qui n’ont pas pu être dépassés. L’histoire rocambolesque et finalement peu réaliste nous empêche un peu d’accrocher au début. Et hormis les retours en arrières qui donnent tout son rythme au film, il ne se passe pas grand-chose qui puisse justifier la « chute » … Ce sont peut-être des défauts lié à un genre cinématographique encore trop admiratif du modèle américain … Mon avis reste donc assez nuancé. On ne peut pas enlever au réalisateur son effort pour sortir un peu de la comédie sentimentale devenue trop banale et d’avancer dans un cadre plus moderne, plus libéré. Une femme fragile mais qui se veut moderne et ambitieuse, un homme penché vers l’alcool et le sexe mais qui n’en est pas moins sensible, à vous de voir si vous vous laisserez toucher !

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