Leur nouvel album était attendu comme l’un des événements musicaux de ce début d’année, et tout ce qu’on peut vous dire, c’est qu’ils ne nous ont pas déçus. A la fois lumineux, sombre, puissant, mélancolique et dansant, le douzième opus d‘Indochine est une invitation à rejoindre la parade de la ville noire, à l’évasion urbaine nocturne, à un voyage imaginaire et sonore par le biais de cet album électrique et riche en différentes sonorités, même les plus osées, sur fond de textes engagés, rêveurs ou à thèmes universels.
Black Ouverture ouvre le voyage avec une intro énergique et citadine, accompagnée d’une lecture d’un texte de Mireille Havet par la poétesse Valérie Rouzeau. Au bout d’une petite minute, le puissant riff de guitare annonce Black City Parade, le titre éponyme de l’album, aux allures rock électrique et futuriste, enchaîné par un refrain à la fois pop, disco, funk et électro aux paroles accrocheuses (“I’ve got a way to see/I’ve got a way to me/Je t’emmènerai la nuit/Je t’enlèverai ici“). A la fois mélancolique (notamment à partir de 3 minutes et des poussières) et dansante, elle pourrait parfaitement devenir un futur tube. Même son de cloche pour College Boy, l’un des titres les plus forts de cet album, et sûrement le prochain single de l’album. Envoutante, planante et sombre, cette track aux sons acoustiques et new-wave dénonce l’homophobie et la différence, notamment dans le milieu scolaire. Les chœurs féminins subliment la chanson avec beaucoup de légèreté. La piste suivante, le lead-single Memoria est la parfaite transition entre La République des Meteors (onzième album du groupe sorti en 2009) et Black City Parade. Sur une ballade mid-tempo très indie pop, Nicola raconte les (ou plutôt, ses) sentiments après une séparation amoureuse. Une chanson forte, mais malheureusement un peu trop longue.
Le Fond de l’air est Rouge, inspiré par le Printemps érable, est toute aussi puissante que les autres tracks présentes sur l’album. Un rock synthétique et sombre, qui me rappelle musicalement un morceau du dernier album de Garbage, Big Bright World. Quant à Wuppertal, l’une des pistes clés sur cet opus, est un hommage à la chorégraphe allemande Pina Bausch et à un documentaire consacré à la réinterprétation de l’un de ses ballets phares (Kontakthof), Les Rêves Dansants. Une ballade puissante aux rythmiques tribales, majestueuses et folles, le tout assorti avec un texte qui nous prend par les tripes dès la première écoute. L’un de nos coups de cœur sur cet album. Le Messie est un morceau digne d’un rock mélodique et lumineux, évoquant le retour d’un messie sauvant notre génération. Autant dire que cette track aurait pu parfaitement se retrouver sur les albums Un Jour dans Notre Vie (1993) ou Paradize (2002).
Belfast est décidément l’un des titres les plus dansants de cet album. Une intro (à en tomber) très électro, rappelant les beats dance des nineties. Avant de savourer couplets et refrains addictifs aux sonorités pop-dance-rock à la Crystal Castles ou The Killers, avec texte poétique et mélancolique à l’appui, clin d’œil à l’écrivaine Sylvia Plath compris. Autre coup de cœur (et moment fort ) de cet album, j’ai nommé Traffic Girl. Mélodique et puissante, le texte co-signé par Lescop fait son petit effet, et l’intro, purement planante et asiatique, est juste excellente. Changement d’ambiance dès les premières notes de Thea Sonata, véritable petite perle pop acoustique à la fois jolie, douce et frissonnante s’avérant efficace. La première surprise de l’album on va dire. Et ne parlons pas de la track suivante, nommée Anyway. Vu le titre de la chanson, je m’attendais à quelque chose de très up-tempo, très rock… Que nenni ! Une ballade amoureuse, naïve et rêveuse, aux allures d’une comptine asiatique. Certaines paroles sont à méditer (selon moi !) : (“Si tu reviens, je t’aimerais comme un dieu aime les siens/Je t’aimerais comme un dieu/Comme un chrétien envers son prochain“). Un pur moment d’évasion, avant le très électrique Nous Demain, autre coup de cœur,une track musicalement 80’s en mode Editors, un pur concentré de pop-rock et d’electro , style road-movie à la fois dramatique et romantique, notamment sur le refrain. Par contre, Kill Nico m’a laissée un peu indifférente. Même si musicalement, c’est puissant, ça ressemble parfois aux Kills, cependant les paroles ce n’est pas encore ça, et ça ne casse pas trois pattes et un canard. Or, ce petit détail négatif sera éclipsé par la sublime Europane (Ou Le Dernier Bal), une ballade rock acoustique nocturne et magique concluant le voyage urbain d’une façon majestueuse et merveilleuse.
Et parlons des trois bonus aussi, valant vraiment le coup ! A commencer par Salomé, une chanson qui selon moi, est une vraie petite merveille pour les oreilles. Et de plus, c’est l’une des meilleures tracks du groupe sur cet album. Pop-rock très 90’s (période Wax) au texte poétique et romantique. On peut même considérer que c’est l’une des meilleures chansons du groupe depuis quelques années. The Lovers, titre écrit et composé par Tom Smith (Editors), est une jolie ballade nocturne, romantique et rêveuse. Et musicalement, on peut croiser l’ambiance des XX ou encore Beach House, bref une dream pop ambiante et mélancolique. Un genre plutôt inédit chez Indo. Enfin, Trashmen est sans doute, le Glory Hole version 2013. Une piste électro-rock décoiffante et dansante, parfaite pour conclure l’album en grande pompe.
Pour conclure, c’est un album puissant, lumineux, électrique, varié et fait pour le live que le groupe français nous a concocté. Nicola et sa bande nous ont livré un des meilleurs albums de leur carrière, avec une production parfaite et une énergie infaillible.