SOCIÉTÉ

La liberté enflammant le peuple

“La Liberté guidant le peuple”-Delacroix- 1830
  • “L’innocence des musulmans”
    Réalisé par Sam Bacile et Nakoula Basseley Nakoula, le film (ou plutôt les 14 minutes de film) “l’Innocence des musulmans” aura réussi à faire parler de lui et pourtant pas grand monde ne l’aurait vu dans son intégralité. À la suite de ce film de nombreuses manifestations eurent lieu dont une durant laquelle l’ambassadeur des États-Unis en Libye Christopher Stevens trouva la mort.
14 minutes suffirent pour mettre à mal les relations internationales.
    Le film intégral aurait été projeté au “Vine Theater” à Los Angeles mais selon le “Hollywood Reporter” aucune projection n’aurait eu lieu. Le journal Le Figaro d’ailleurs n’hésite pas à parler de manipulation tout comme le journal 20 minutes. À quelle fin aurait-il fait cela ? Il paraît en effet tout de même curieux qu’un film aussi médiocre soit mis en exergue de la sorte la veille du 11 septembre…
    Voici quelques zones d’ombres confirmées par Le Figaro  : Nakoula Basseley Nakoula n’est pas juif mais chrétien copte égyptien, auteur de nombreuses escroqueries pour lesquelles il fut incarcéré. Les acteurs, ont été dupés. Une actrice qui témoigne sur France TV info, avoue avoir cru tourner un film sur les Chrétiens intitulé “Le guerrier du désert”.
    En somme, 14 minutes d’un film réalisé dans l’ombre par des acteurs dupés, aura réussi à mettre en péril le consensus entre le monde occidental et le monde arabo-musulmans. Ce qui prouve à quel point le climat international est instable.
  • Le rebond de Charlie Hebdo
    Face à de tels évènements il se fallait naturellement que la presse réagisse. Mais cela s’est fait démesurément par rapport aux politiques.
    Dans la majorité, le ton reste très prudent et nuancé et ne prend pas le risque d’afficher un parti-pris.
Le premier ministre Jean-Marc Ayrault s’est exprimé à ce sujet avec les mots suivants : ” Nous sommes dans un pays où la liberté d’expression est garantie, la liberté de caricature aussi mais si vraiment des personnes se sentent heurtées dans leurs convictions et pensent qu’i y a dépassement du droite-nous sommes dans un État de droit- cet État de droit doit-être totalement respecté”.
Le premier ministre aura choisit avec raison la prudence. Comme le dit le proverbe latin “Abundans cautela non nocet”, Prudence est mère de la Sûreté.
    Il semble cependant qu’ici la liberté ait rencontré ses limites à partir du moment où elle a mit un peuple en danger. Finalement Charlie Hebdo, avec cette caricature, aura étendu nationalement sa propre subjectivité. Et ce à tort.
    Desproges dit justement : “On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui”. Le moment choisit pour publier telle caricature était-il bien choisit ?
    Les conséquences trouvent leur reflet direct dans la réalité ; à Islamabad les manifestants brûlent à côté du drapeau américain, non pas la Une de Charlie Hebdo mais le drapeau tricolore lui-même. D’une subjectivité est née une fausse généralité à savoir une islamophobie française.
    Il apparaît ainsi dangereux qu’une société tolère qu’on diffuse des appels à la haine dans ses journaux. Et dire que les paroles sont inoffensives c’est clairement s’aveugler devant ce qu’un mal peut-être.

    Cette fois la liberté ne guide plus son peuple (pour faire référence au tableau de Delacroix), mais l’a bel et bien enflammé.
    N’y a t-il pas un juste milieu entre la liberté d’expression absolue et le renoncement même à cette liberté ?
    Tout n’est-il pas une question de responsabilité ? C’est à dire selon Jonas de “préserver pour l’homme l’intégrité de son monde et de son essence contre les abus” ?
Manon Mella.

 

 

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