L’artiste Damien Saez annonce un retour en grande pompe, avec un triple album intitulé “Messina”, contenant les disques “Les échoués – Sur les quais – Messine”. La bombe a débarqué dans les bacs le 17 septembre, et la tournée pour l’occasion elle, est annoncée depuis quelque temps déjà. Tournée qui affiche presque complet, seules quatre dates ne le sont pas encore.
Saez nous avait laissé avec son album rock minimaliste “J’accuse”, qui on s’en rappelle, avait fait une petite polémique autour de la pochette, jugée dégradante pour l’image de la femme par des féministes. Il revient avec l’oeuvre sans doute la plus aboutie et variée de sa carrière. Des ballades Brélienne aux chansons rappelant la Mano Negra, le petit prince du rock français à fort grandi, depuis “Jours Etranges”. Comme à son habitude, aucune promo ou presque pour la sortie de “Messina”, si ce n’est trois titres offerts sur son site officiel, saez.mu
Il est toujours délicat d’écrire sur Saez, un artiste écorché qui nous livre des oeuvres complexes avec de multiples interprétations possibles. C’est pourquoi je ne vais pas vous livrer mes interprétations sur les sublimes textes très travaillés, mais plutôt vous donner des impressions, et l’envie d’acheter cet album qui mérite qu’on ne le télécharge pas. Aussi bien légalement, qu’illégalement d’ailleurs.
Passons au premier disque ; “Les échoués” s’ouvre sur un morceau qui peut rappeler l’époque de “Debbie”, intitulé “Fin des mondes”, le morceau est un pamphlet sur le monde moderne détruisant les cultures, la planète, l’humanité. Une intro calme, qui au fur et à mesure monte en intensité avec toujours ce parfum mélancolique. Une sorte de “J’accuse” plus poétique. Le ton est donné. “Les échoués” est dans la même veine dans la composition musicale. Que serait un album de Damien Saez sans les filles ? “Betty” titre mélancolique au départ aussi bien dans les paroles que la musique, devient plus péchu par la suite. “Marie” déjà joué en 2007, est totalement réarrangé musicalement, sans doute le morceau le plus Brélien de l’album. L’ambiance symphonique est magnifique. “Le Gaz” est sans doute le titre le plus accrocheur de ce premier opus. Une histoire torturée, des blessures, une ambiance planante. Un chef d’oeuvre. Le titre “Into The Wild”, hommage au film, est presque une évidence quand on pense à Damien. Ce loup fragile, féroce et solitaire.
Le second cd est beaucoup plus énergique dans l’ensemble, avec le titre très Mano Negra, “Marianne”, taillé pour le live. “Sur Le Quai” prolonge ce côté de mélange poétique et de rock alternatif français d’une autre époque, avec toujours la présence de cuivre. “Webcams De Nos Amours”, titre efficace, très rock, traitant de l’amour virtuel. “Ma Petite Couturière” déjà connu des fans puisque le morceau fût pendant un temps en téléchargement gratuit sur le site de l’artiste. Les titres “Je Suis Un Etranger” et “Planche A Roulette” avec un petit côté Bérurier Noir pour le dernier, nous donne envie de prendre une guitare et de danser autour d’un feu avec nos amis tels des vagabonds. Pour conclure, “Sur Les Quais” est le cd le plus abordable des trois.
“Messine” demande un peu plus de temps avant de vraiment réussir à rentrer dedans, malgré le fait qu’il soit très beau, le côté mélancolique rappelant le triple album “Varsovie – L’Alhambra – Paris” tranche avec les deux disques précédents. Plus intimiste. Beaucoup de piano dans les morceaux, dont deux thèmes instrumentaux sublimes. Les textes eux parlent de ruptures, d’abandons, de morts, de souvenirs, d’amours, de voyages ; comme souvent chez Saez. “Messine” justement, ballade traitant du voyage et de l’amour, très beau morceau, toute l’émotion dans la voix de Damien. “Les Magnifiques” vient donner du rythme parmi le reste, Saez est comme transcendé lorsqu’il nous parle de ses magnifiques. Le morceau “Ami de Liège” lui, traite de la disparition d’un ami, et du monde fou dans lequel nous vivons. Très touchant, avec ce sublime piano comme souvent. Il en est un peu de même pour l’hommage à “Bruno” sur le morceau “Châtillon-Sur-Seine”. Le titre “Le Bal Des Lycées” vient nous rappeler le temps qui passe. Les amours, les copains, ce qu’on a perdu ; la vie en somme. Avec toujours cette voix sure et mélancolique à la fois.
Un triple album très riche, aussi bien dans les textes que dans la composition musicale. Une diversité incroyable, qui n’est vraiment pas un objet commercial pour le coup. Saez à encore frappé fort, sans doute l’oeuvre la plus réussie, la plus complexe et la plus élaborée de sa carrière. Saez nous prouve que c’est un génie, nous montre qu’il est grand, même si il n’avait rien à prouver. Saez transmet et on ne peut que le remercier. Un autre album intitulé “Miami” est annoncé pour le 03 décembre 2012, suivi d’une tournée des Zéniths en 2013. Quand on vous dit qu’il ne fait jamais rien comme les autres.