L’importance de la musique dans un film est parfois sous-estimée. Ou alors, nous connaissons des musiques sans même savoir quel film se cache derrière. En ce mois de rentrée, j’ai donc décidé d’en sélectionner trois dont la bande originale ne peut être ignorée. Comme il en faut pour tous les goûts, j’ai choisi pour vous trois films totalement différents (et donc accompagnés de musiques toutes aussi différentes) : Edward aux mains d’argent, Pulp Fiction et Requiem for a Dream.
Venons-en d’abord à Edward aux mains d’argent. Ce film, vous le savez probablement, est signé Tim Burton. Ce que l’on sait un peu moins, c’est que derrière les pellicules de Burton se trouve un autre génie : Danny Elfman. Il est le compositeur de la quasi-totalité des films burtoniens, de Beetlejuice à Alice aux pays des merveilles en passant par Batman et Les Noces funèbres. Il a donc un rôle certain dans l’atmosphère sombre, mélancolique, et dans le style gothique qui définissent ensemble la si particulière œuvre de Tim Burton. L’un des plus grand chefs-d’œuvre réalisé par ce duo est Edward aux mains d’argent. Le “thème musical” principal de ce film (en écoute ci-dessous), est sans doute l’un des plus beau de l’histoire du cinéma. Doux et envoûtant, il fait à lui seul ressentir toute la solitude, la douleur et l’exclusion qu’évoquent le film, dans des tons qui annoncent déjà une histoire tragique. Les titres qui suivent prolongent et développent ces émotions, et sont organisés comme une histoire en deux chapitres : Edward Meets The World… pour les 9 premiers titres, et … Poor Edward ! pour les 8 derniers. Bien qu’Elfman soit avant tout doué pour les thèmes entêtants, cette BO regorge d’autres moments forts, comme le très saccadé The Cookie Factory ou le magnifique Ice Dance. (Ces deux morceaux sont également en écoute.) Cette musique de film, vielle de 22 ans déjà, ne peut donc être ignorée chez les admirateurs des films de Mr Burton.
Changeons maintenant de registre, avec la musique de Pulp Fiction. Ce célèbre film de gangsters dans les rues de Los Angeles est bien entendu signé Quentin Tarantino. Ses films ont toujours des bandes originales vives et remarquables, comme celles de chaque volume de Kill Bill, que j’aurais également pu évoquer. Dans le cas de Pulp Fiction, la bande son n’a pas été composée ni enregistrée en l’honneur du film. C’est en fait une compilation de titres qui collaient avec les scènes et l’esprit du film. La plupart se situent entre les 50’s et les 70’s, et ce sont eux qui rendent aux scènes du film un aspect si décalé, si déjanté et surtout si rock’n’roll. Nous avons droit en ouverture à un Misirlou endiablé signé Dick Dale -oui, c’est bien là le thème que les Black Eyed Peas ont osé s’approprier sauvagement-. (La version du film est en écoute ci-dessous). Ensuite, chaque morceau a un certain poids dans le film, puisqu’il immortalise une scène-clé. Nous pouvons retenir You Never Can Tell qui rythme le twist de Vincent Vega (John Travolta) et Mia Wallace (Uma Thurman). Cette chanson bien entendu signée Chuck Berry convient parfaitement au Diner ambiance 50’s où se déroule la scène. Pour le passage suivant, on entend Girl, You’ll Be A Woman Soon d’Urge Overkill, qui par son côté langoureux, nous met face au personnage emblématique qu’est Mia Wallace. Enfin, pour un instant beaucoup plus enjoué et insouciant, Flowers On The Wall, un morceau country tout droit sorti des 60’s, a été utilisé. Bien que ce disque ne soit qu’une compilation de morceaux, la cohérence magique de l’ensemble lorsqu’on l’écoute, ou mieux, lorsqu’on y prête attention pendant le film, fait partie intégrante du succès de ce monument du cinéma. Pour nous immerger encore plus dans l’univers de Pulp Fiction, la bande originale a été garnie des répliques cultes du film, du débat sur le “Royale With Cheese” à la citation inoubliable d’un verset d’Ezéchiel. Je ne saurais donc que trop vous recommander cet album dont on ne se lasse jamais.
Comme troisième bande originale, j’ai choisi celle de Requiem for a Dream. A l’annonce de ce film, ou plutôt de la musique qui lui est liée, je vous vois déjà soupirer : vous connaissez tous le titre apocalyptique (Lux Aeterna) qui ressort de cette bande originale, vous l’avez bien assez (trop même) entendu, et vous ne voyez pas pourquoi j’y reviens. La raison est que je ne veux pas revenir sur un titre mais sur l’ensemble de la musique qu’a signé Clint Mansell. Ce film, rappelons-le, raconte la descente en enfer de quatre individus par la drogue, par des images saccadées et des scènes parfois choquantes. Il a été réalisé par le talentueux Darren Aronofsky, l’auteur d’un grand nombre de longs-métrages caractérisés par un rythme toujours effréné et des histoires bouleversantes qui restent longtemps dans nos pensées. Comme Danny Elfman et Tim Burton, Mansell est le compositeur quasi-attitré de Aronofsky. Π (Pi), Black Swan ou The Fountain, ont tous été composés par Clint Mansell. Plus que jamais, sur Requiem for a Dream, la qualité de la musique était cruciale. Dans cette histoire sombre, psychologiquement très dure, la musique exprime en effet ce dont les mots sont incapables. Elle rythme les injections répétées de drogue, le circuit infernal dans lequel vivent les protagonistes, les instants d’espoir comme les longs passages de désespoir. Ces 33 chansons dépeignent avant tout une chute tragique en trois actes (Summer, Fall, Winter), de l’insouciance du début sur Party jusqu’au moment où le piège les enferme définitivement sur Meltdown. Ce n’est pas pour rien si ce film s’appelle Requiem qui fait directement référence à la musique. Requiem for a Dream, c’est une musique que tout le monde connaît, au point qu’elle ait perdu sa saveur, mais surtout 33 chansons qui mieux que tout autre film prouvent la place prédominante que la musique peut avoir au cinéma.
J’espère que ce petit bilan de trois musiques de films remarquables vous aura été utile, pour découvrir comme re-découvrir la bande sonore qui illustre ces trois grands films.
Vous pouvez en dessous de cet article lire ma playlist Spotify des morceaux que j’ai évoqués. Je n’ai cependant pas trouvé sur Spotify l’album de Requiem for a Dream, et l’on devra se contenter du Lux Aeterna bien connu.