CINÉMA

Holy Motors ou le génie de Carax

13 années sont passées depuis son film précédent, Pola X. Quand son dernier film à été annoncé à Cannes, on savait qu’il allait faire du bruit et nous surprendre. Encore une fois Leos Carax frappe fort avec Holy Motors. Il fait partie de ces films où il faut du temps pour en saisir toutes les nuances et comprendre les différentes pistes de réflexions qu’il impose. Ces films que l’on pourrait qualifier de fascinants, mais qu’on se le dise, il est pratiquement impossible de résumer Holy Motors. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’y a pas véritablement d’histoire. Denis Lavant sillonne Paris, sous le nom de Mr Oscar à l’intérieur d’une limousine blanche, véritable loge lui permettant de se changer pour ses divers rendez-vous. Jusque là nous sommes d’accord ; mais que sont ces rendez-vous ? De quels métiers résultent t-ils ? Quelle est la véritable vie, le véritable visage de Mr Oscar ? Plusieurs questions qu’en tant que spectateur nous ne pouvons nous empêcher de nous poser. Seulement ces interrogations se révèlent bien secondaires, voire inutiles et  on n’aura d’ailleurs jamais la réponse. Carax dans ce film s’est tout d’abord penché sur le cinéma en lui-même et son évolution. Avec les différents rôles d’Oscar il tente de retracer une certaine histoire du cinéma composée de genres de films divers, comme le film noir par exemple. Cependant il ne se contente pas de ces exemples de genres ; il nous parle aussi de son “désarroi” devant la modernisation des techniques de tournage et principalement de la caméra. Enfin, à travers les différents carnets permettant à Mr Oscar de se préparer à ses rendez-vous, il nous parle de ce qu’est, en quelque sorte, la création artistique  dans le septième art. Désormais réduite à des pages dactylographiées, fixant l’imaginaire et la création du réalisateur, avec moins de possibilités d’évolution au fil du film. Cependant Carax ne nous présente pas uniquement un film sur la nostalgie du cinéma d’hier. Il nous rappelle également, que le cinéma est avant tout un art, en faisant preuve d’un grand sens de l’esthétique, cherchant à nous représenter que le cinéma est également synonyme de beauté.

Puis il va plus loin en s’intéressant à la profession d’acteur, et de ce fait à la question du masque, de leur faculté à perpétuellement jouer quelqu’un d’autre, de ne pas être soi. Il pose la question de l’identité quand on est acteur : à quel moment on s’autorise à être soi, et comment on fait pour ne pas se perdre, comme si leur vie n’était que jeu de rôle. En partant de la profession d’acteur, il parle aussi de l’être humain en général et de son pouvoir de se masquer, de changer son comportement en fonction d’un milieu. Finalement à quels moments, dans quels milieux sommes-nous le plus nous-mêmes ? De ces interrogations naissent des réflexions plus vastes sur la notion du réel : quand s’arrête t-il ? Quand peut-on être certain d’une vérité, si l’humain a tant de capacités à se cacher lui-même ?

Edith Scob dans le rôle de Céline.

Denis Lavant personnifie ces questions de manière prodigieuse, se glisse à l’intérieur de plusieurs personnages très opposés, avec perfection. Particulièrement en Mr Merde véritable rejet de la société, ayant des comportements ne relevant pas toujours de l’humain, n’étant peut-être que le fruit de pulsions que l’humain censure en société.

Denis Lavant interprète Mr Merde et Eva Mendes.

Leos Carax nous certifie qu’il est bel et bien un des réalisateurs les plus atypiques et fascinants du cinéma français et Denis Lavant lui va comme un gant.

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