Sur la Route c’est l’histoire d’un écrivain, Sal Paradise, en manque d’inspiration faisant la rencontre du charismatique libertin Dean Moriarty et de sa jeune femme Marylou. Tout les trois ayant besoin d’autre chose, de nouveauté décident de commencer une nouvelle vie : la vie sur la route.
On the Road de Jack Kerouac, roman phare de la beat generation a longtemps suscité l’envie chez les cinéastes, comme un challenge. Francis Ford Coppola en a longtemps eu les droits mais c’est le réalisateur brésilien Walter Salles qui osera l’aventure.
Oui mais à la sortie ça donne quoi ? Eh bien malheureusement pas le road movie qui vous prend aux tripes et à l’incessant parfum de liberté auquel ont pouvait s’attendre. Mais en revanche un road movie dans lequel on a du mal a rentrer. 1er faux pas, les spectateurs ne participent pas au voyage. C’est en parti lié au fait que W. Salles ait décidé de faire des allers-retours. Le film débute sur un passage de Sal Paradise, personnage principale déjà en voyage qui quelques minutes après revient a New York avant son départ. Erreur, en faisant cela le réalisateur brésilien brise l’essence même du roman, la continuité. Quand Kerouac a écrit son livre il l’a écrit sur un seul rouleau, en trois semaines sans s’arrêter, telle la route. On perd cette idée et c’est bien dommage. Puis plus le film avance, plus il tourne en longueur, on en viendrait presque à s’ennuyer, principalement les adeptes de Kerouac ayant dans la tête les sensations, la liberté, le lyrisme , la vitalité, les rythmes de jazz qui émanent du roman. On retrouve une partie de ces qualités mais tournées de façon tellement formelle qu’elles n’ont plus la même force.
L’adaptation de Salles a néanmoins deux atouts. Premièrement il a très bien représenté la relation de Sal Paradise et de Dean Moriarty, la profondeur de celle-ci et son importance pour les deux personnages. L’un ne va pas sans l’autre, ils se séparent pour obligatoirement se retrouver. Walter Salles nous montre un sentiment presque amoureux et l’admiration que l’un à envers l’autre. Le deuxième atout n’est rien d’autre que le casting, les deux acteurs mettant en scène cette relation sont époustouflants et font ressortir tout les côtés de celle-ci. Ce sont pour le spectateur comme des redécouvertes. En ce qui concerne Garrett Hedlund, on s’en souvenait comme acteur principal dans la superproduction Disney Tron L’Héritage, très loin du rôle beaucoup plus intimiste de Dean Moriarty. Puis on y retrouve Kristen Stewart, tenant le rôle de Marylou, 16 ans, femme puis ex-femme de Dean, libre et à la fois souffrante de l’inconstance de son mari. On l’avait vu dans Twilight, mais là ce n’est plus la même, elle s’impose, beaucoup plus mature. Sam Riley est lui moins connu du grand public, mais reste néanmoins un bonne surprise dans son interprétation de Sal Paradise (Kerouac lui même), écrivain en quête de nouveauté. Le reste du casting est tout aussi bon car l’on retrouve le talentueux Viggo Mortensen, mais aussi Tom Sturridge, vu récemment dans Good Morning England, brillant dans son interprétation du torturé Carlo Marx ; Kirsten Dunst est également de la partie.
Tout ce petit monde se retrouva pour monter les marches Cannoise, à l’occasion de la nomination de Sur la Route dans la compétition officielle. Mais ce film n’aura pas permis à Walter Salles d’accéder à la palme d’or cette année. Finalement, Sur la Route ne devrait-il pas rester l’œuvre de Jack Kerouac ?