CINÉMA

Millénium version Fincher

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Le mois dernier, je vous présentais globalement la série Millénium et sa première adaptation.
Le film de David Fincher Millénium, les hommes qui n’aimaient pas les femmes ou The Girl with the Dragon Tattoo en version originale en salles, nous pouvons maintenant le voir, et nous forger un avis dessus.

Parlons d’abord de l’atmosphère.
Dès la première scène, nous sommes immergés dans une Suède sombre, colorée uniquement dans des teintes noires, blanches, et grises. qui domineront tout au long du film. Elles lui donnent une dimension lugubre mais aussi sobre très réussie, qui a elle seule nous rapproche beaucoup de la sensation que l’on éprouve en lisant Millénium.
On voit bien que rien n’a été laissé au hasard, que tout a été choisi pour amplifier le sentiment d’angoisse qui est l’essence de la série.
La musique est également à souligner, cela peut vous paraître étrange de commencer par ça, mais elle donne tout le charme du film, et a une grande importance.
Elle est particulièrement longue sous format CD (39 titres) et a été écrite par Trent Reznor et Atticus Ross : les deux concepteurs de la musique de The Social Network, de Fincher également. Cette bande-originale regroupe toutes sortes de thèmes plantant un univers sombre, mystérieux et glacial. C’est aussi par cela que l’atmosphère malsaine qui plane tant sur cette série est si bien retranscrite. De cette musique est à souligner la première chanson : Immigrant Song. Reprise de Led Zeppelin par Karen O (la chanteuse des Yeah Yeah Yeahs) : elle sert de fond sonore à un magnifique générique d’ouverture : un “cauchemar de Lisbeth” comme Fincher le décrit. Dans un noir et blanc surnaturel, un liquide sombre et visqueux s’introduit au milieu de divers éléments de la série : l’essence (les lecteurs du second volume comprendront) ou plus largement le mal qui s’immisce, à l’image du slogan “Le mal vaincu par le mal”.

En vient maintenant la question des personnages. Pour une série où leur proximité avec le lecteur est à la base du grand engouement du public, on est particulièrement exigeant.
Mikael Blomkvist incarné par le Mr James Bond (Daniel Craig) ça peut perturber. Mais le rôle a été soigné, aussi bien par le jeu de l’acteur que par le scénario. On comprend ce que le personnage vit, traverse, et éprouve : ce n’est plus un journaliste classique au visage impassible. C’est justement ce qui manquait, à mon avis en tout cas, dans la version suédoise.
Et captivés par le déroulement de l’histoire, on en oublie ainsi un peu le James Bond.

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Pour Lisbeth Salander, on peut dire que la barre avait été placée bien haut par Noomi Rapace dans la précédente adaptation.
Rooney Mara a peut-être l’air moins violente et agressive, mais son interprétation reste digne et fidèle : on  ressent en elle la complexité du personnage qu’elle incarne, son regard profond exprime aussi bien la détermination et la force que les faiblesses enfouies en elle. On peut dire que sur certaines scènes, elle est excellente, notamment celle du métro. Son look, important aussi dans le personnage, est très représentatif de Lisbeth : il est fidèle mais a été approprié, et avec réussite. Tout le côté provocateur et négligé y est. Selon moi toujours, le film suédois en avait fait un “cliché gothique” moins intéressant dans l’esthétique.

Pour ce qui est du rythme et du scénario, il n’y a pas, ou peu de longueurs. Ça avance sans aller trop vite, et on ne voit pas passer les 2h40. De nombreux passages sont bien détaillés comme on l’attend en ayant lu le livre, notamment la dernière partie, et on s’accroche jusqu’au bout.
Il y a eu certes peu de libertés prises par rapport  au livre, cela peut aussi être blâmable sous un certain point de vue. Mais le scénario tenant la route ce n’est pas pour moi quelque chose à reprocher.

Ce film à gros budget (90 millions de dollars) est loin de l’hollywoodien basique qu’on aurait pu imaginer d’un remake américain. Fincher a fait un travail de qualité sans bâcler ou stéréotyper les différents aspects de l’histoire.

Une comparaison totale avec la version suédoise n’est par contre pas pertinente, les différences de budget et donc de moyens étant évidentes. Les avis entre les deux adaptations sont d’ailleurs plutôt partagés.

Les adaptations des volets 2 et 3 ont bien été confirmées avec Rooney Mara et Daniel Craig. Cependant, des rumeurs sur des tensions avec le producteur et un résultat du box-office américain insuffisant par rapport au budget et aux prévisions évoquent la possibilité que Fincher ne soit pas à la tête de la suite et fin de la trilogie… Espérons qu’il y reste !

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Toulousain curieux, accro aux bouquins, à la musique, à la sauce piquante des pizzas.

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